Crise agricole et biodiversité : non à la loi qui facilitera la destruction d’espèces protégées !

Crise agricole et biodiversité : non à la loi qui facilitera la destruction d’espèces protégées !

L’ASPAS est co-signataire de la pétition interassociative initiée par Animal Cross pour demander au gouvernement de revoir l’article 13 du projet de loi sur l’orientation agricole : en l’état, le texte prévoit une dépénalisation de l’atteinte aux espèces protégées, ce qui constituerait une atteinte gravissime à la protection de la nature avec un retour en arrière de 35 ans !! Aidez-nous à faire pression sur le gouvernement en signant et en relayant la pétition autour de vous ! 

Le texte de la pétition :

M. le ministre de l’Agriculture
M. le ministre de l’Environnement,

 

Lors du débat sur la loi d’orientation agricole (LOA) à l’Assemblée nationale, le gouvernement vient de porter une atteinte immense à la protection des êtres vivants appartenant à des espèces protégées, faune et flore.

Selon le gouvernement, les agriculteurs vivent très mal le fait d’être passibles de 150 000 euros d’amende et de 3 ans de prison du fait d’être soupçonnés de destruction d’espèces protégées dans le cadre de leur activité agricole ou pour satisfaire à une obligation administrative, comme l’obligation légale de débroussaillement.

Le gouvernement n’apporte aucune preuve du fait que ces peines sont prononcées ni que ces cas sont fréquents. Au contraire, il semble plutôt que la plupart des peines prononcées actuellement soient dérisoires et qu’il n’y aurait que 136 agriculteurs impliqués en 2022 dans une procédure en lien avec le droit de l’environnement et engagée par l’OFB, selon le débat parlementaire.

Aussi, à l’article 13 de la LOA, amendement 4452 2e rectificatif, il est décidé que désormais seules les atteintes “intentionnelles” seront passibles de poursuites pénales pour destruction d’espèces protégées. Pour être constitutionnel, le gouvernement n’a pas pu limiter son amendement aux seules activités agricoles. Il est valable pour toute activité humaine. De plus, le fait d’exécuter une obligation légale ou réglementaire, ou encore de se conformer à une prescription administrative, comme un plan de gestion forestier par exemple, n’est pas considéré comme une atteinte intentionnelle.

Alors que le principe prévalait que “nul n’est censé ignorer la loi”, un nouveau principe de droit apparaît qui limite les poursuites pénales à la volonté de commettre une destruction d’espèces protégées, intention qu’il faudra prouver, remettant en cause un texte vieux de 35 ans (Code rural art 215-1, version du 4/11/1989).

 

Ainsi, les agriculteurs ne subiront pas de sanction pénale s’ils détruisent des espèces protégées en cas de taille de haie, d’utilisation de pesticides, d’épandage de lisier, de débordement d’une cuve de méthanisation, d’écobuage, etc.

 

Un forestier pourra détruire des arbres, comme des arbres à cavité, contenant des précieuses espèces protégées s’il le fait selon le plan de gestion forestier, document qui est une coquille vide qui ne permet pas de savoir si des espèces protégées sont présentes ou non.

 

Mieux encore, un chasseur qui détruit une espèce protégée sans le faire exprèsun promoteur immobilier qui rase un terrain comportant des espèces protégées, par négligence, une commune qui entretient des routes et coupe des arbres en période de nidification, ou dont la station d’épuration fuit par accident et pollue un cours d’eau, un particulier qui épand un produit phytosanitaire dangereux sans faire attention, détruisant par là même toute la petite faune autour de chez lui… dans tous ces cas, la “bonne foi” sera avancée et il faudra au contraire prouver la volonté de détruire les espèces protégées. 

 

Cette destruction se produit généralement par imprudence ou négligence. Elle est la conséquence ou l’effet induit d’une activité.

 

Le texte propose de remplacer des sanctions pénales par des sanctions administratives, généralement prononcées par le préfet. On connaît les décisions, sous l’influence des lobbys, des préfets peu favorables à la protection des animaux et toutes jugées illégales ensuite par les tribunaux, par exemple, ces dernières années, les arrêtés autorisant la destruction indiscriminée des bouquetins, la chasse à l’alouette des champs et au vanneau huppé, à la barge à queue noire, au courlis cendré, au grand tétras, les méthodes de chasse traditionnelle, la chasse des oies au moment de leur migration, les arrêtés portant sur la destruction des cormorans en eaux libres, etc.

 

Le texte propose de favoriser les “restaurations écologiques”. Mais ce qui est détruit est détruit. Quand un animal est mort, c’est trop tard !

 

La mesure étant introduite par un amendement, aucune mesure d’impact n’a été effectuée et le Conseil d’État n’a pas pu se prononcer.  Ce texte constitue une régression du droit de l’environnement (art 2, 3 et 4 de la Charte de l’environnement, partie du bloc constitutionnel).

 

Selon le bilan 1989-2019 publié par la LPO, le Muséum national d’Histoire naturelle et l’OFB, près de 30 % des oiseaux appartenant aux espèces les plus communes ont disparu des campagnes françaises.

Qui plus est, entre 1970 et 2018, 69 % des populations d’animaux sauvages suivies ont disparu selon le WWF. Ce n’est pas près de s’arrêter avec l’absolution donnée pour destruction d’espèces protégées.

 

Nous demandons un retrait de l’article 13 lors de la discussion au Sénat.

Photo d’en-tête : pie-grièche écorcheur (femelle) © Richard Holding

Dernières actualités

24.06.2024

Attaque de Thoiry : un loup en captivité n’a rien à voir avec un loup libre et sauvage ! 

Dimanche 23 juin, une femme de 37 ans a été blessée par des loups, au safari-zoo de Thoiry dans les Yvelines, après qu’elle s’était introduite par mégarde dans leur enclos pour y faire son jogging… De là à conclure que tous les loups sont dangereux pour l’homme il n’y a qu’un pas… Que les détracteurs […]

14.06.2024

Pour « L’agriculteur normand », la voiture est « un prédateur du blaireau »…

Humour de très mauvais goût ou incitation implicite au braconnage ?… Relayant la frustration des chasseurs de l’Eure, privés de déterrage de blaireaux ce printemps suite à une récente victoire en justice des associations, le journal L’Agriculteur normand peut sembler encourager à demi-mot, dans un article daté du 12 juin 2024, la destruction de ces […]

11.06.2024

« Goupil score » : déclare ton massacre de renards à la FDC 87 !

Après la « brigade d’action contre les corvidés » (BACC 87) en partenariat avec la FNSEA, le défilé « Au bonheur des veneurs1 » à Limoges pour défendre la passion barbare du déterrage, la Fédération des chasseurs de la Haute-Vienne innove encore un peu plus dans le genre massacre ludique d’animaux sauvages : via sa plateforme baptisée « Goupil score », lancée […]

07.06.2024

Elections européennes : votez pour la nature !!

Chasse aux loups, recul sur les pesticides, destruction des habitats naturels… Contre les graves risques de régressions actuelles, votre vote pour la nature est essentiel ce 9 juin ! Voici quelques pistes pour vous aider dans votre choix… Fidèle à sa volonté de conserver toute son indépendance politique et sa liberté d’action, l’ASPAS se gardera bien […]

06.06.2024

Crise agricole et biodiversité : non à la loi qui facilitera la destruction d’espèces protégées !

L’ASPAS est co-signataire de la pétition interassociative initiée par Animal Cross pour demander au gouvernement de revoir l’article 13 du projet de loi sur l’orientation agricole : en l’état, le texte prévoit une dépénalisation de l’atteinte aux espèces protégées, ce qui constituerait une atteinte gravissime à la protection de la nature avec un retour en […]

Inscription à la newsletter

X