Près du village d’Altier en Lozère, en plein cœur du Parc national des Cévennes, la vidéo de ce qui semble être un loup poursuivi par une voiture sur une route de montagne est devenue virale sur les réseaux sociaux depuis sa mise en ligne, le 19 mai 2024. Comme à leur habitude, chasseurs, bergers et éleveurs anti-loups en profitent pour déverser leur haine de l’animal, appelant à son éradication, bien aidés par des médias locaux peu scrupuleux qui ratent rarement une occasion de surfer sur la peur du grand méchant loup…
Cette fois, c’est France 3 Occitanie qui offre une tribune bien déplacée aux éleveurs et élus locaux les plus radicaux, sans naturaliste ni personne pour les contredire ou donner un autre éclairage : « On réclame tous les moyens possibles pour éliminer cette bête qui n’a pas sa place chez nous » dit un berger. « Il faut que les éleveurs aient le droit de tirer en toutes circonstances surtout dans le parc national des Cévennes » ! poursuit-il…
Plutôt que de rebondir sur la raison d’être d’un parc national (un territoire en théorie dédié à la protection de la nature…), le journaliste continue son article en relayant les craintes des chasseurs (les loups « se sont attaqués au gibier »…) et termine par une interview du maire anti-loup du village, Jean-Louis Balme, qui réclame ni plus ni moins un déclassement de l’animal pour qu’il puisse être à nouveau chassé !
Bref, tout est mauvais chez le loup pour France 3 Occitanie qui fournit à travers cet article une information biaisée et incomplète. Il est consternant qu’un média public ne fasse pas davantage preuve de neutralité et de discernement, aussi nous exigeons de France 3 qu’il revoit sa copie et interroge toutes les parties prenantes pour que les lecteurs puissent se faire une idée globale et comprendre l’ensemble des enjeux liés aux loups, leur biologie, leur capacité de dispersion, leur place dans l’écosystème et leurs interactions avec les activités humaines !
Chasse, moutons et coupe de bois en plein coeur du parc national des Cévennes...
Dans son dernier magazine Goupil (n°157 – printemps 2024), réservé aux adhérents, l’ASPAS a consacré tout un dossier aux parcs nationaux français qui, comme l’expliquent les trois experts que nous avons sollicités, sont loin d’offrir une protection maximale à la nature… Celui des Cévennes autorise la chasse, le pastoralisme et la sylviculture, et il est le seul à posséder dans sa zone coeur des habitations permanentes, notamment des sièges d’exploitation agricoles ! Quant aux loups, 30 ans après leur retour en France, ils peinent toujours à s’établir durablement dans ce territoire malgré la profusion de proies sauvages (cerfs, chevreuils, sangliers). On se demande bien pourquoi…
© Photo d’en-tête : Vladimir Cech