Plusieurs médias ont relayé une histoire pour le moins farfelue d’un agent municipal de la commune de Castellet-lès-Sausses, dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui se serait fait agresser par une meute de loups, lundi 13 février. Le magazine Le Point a même eu le culot de titrer “Pour la première fois en 30 ans, un loup attaque un homme” !
Au journal La Provence, l’homme explique avoir repéré une louve comme meneuse : “Elle était la plus méchante. Elle m’a chargé en montrant ses dents à plusieurs reprises. Les autres loups se contentaient de grogner. Elle m’a frôlé de très près et j’ai pu la taper à la cuisse arrière“.
La confrontation aurait duré 30 minutes (!) sans que l’agent ne souffre de la moindre blessure…
L’Office Français de la Biodiversité a été heureusement très prompte à réagir pour donner une explication rationnelle à cette histoire. La rencontre “est survenue sur un versant particulièrement accidenté, avec un sentier unique qui limite les possibilités d’échappatoire pour un animal (…). L’amont du sentier présente une barre rocheuse infranchissable pour un loup. En contrebas du chemin se situe une pente avec une végétation impénétrable. En l’absence d’autre itinéraire de repli, il est très probable que le canidé ait voulu forcer le passage”.
Et l’OFB de rassurer : “dans une configuration aussi singulière et sans possibilité de fuite, un loup, comme tout grand mammifère sauvage, peut présenter une attitude dangereuse en cas de rencontre. Et nombreux sont les évènements impliquant sanglier, cerf élaphe, chevreuil, chamois ou bouquetin qui forcent le passage au détriment de l’intégrité de l’humain qui se trouve sur leur cheminement“.
L’ASPAS rappelle qu’aucune attaque de loup sur l’homme n’est à déplorer en France depuis son retour spontané en France au début des années 90 ! Rappelons aussi que malgré leur statut d’espèce strictement protégée, des milliers de loups ont été tués par des hommes en 30 ans, et que l’espèce a déjà été exterminée une première fois en France…
De manière générale, les rares altercations avec la faune sauvage ne surviennent que lorsque les animaux se sentent menacés, ou sont volontairement acculés, agressés par des humains. Chaque année, plusieurs chasseurs sont par exemple chargés et blessés par des sangliers qui agissent en légitime défense, et le 8 novembre 2022, un chasseur est même mort après avoir été percuté par un cerf en fuite.
En tant que grand prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, le loup est une aubaine pour des écosystèmes riches et sains, si tant est qu’on respecte son milieu de vie. Il l’est moins pour le monde agricole, mais après trois décennies de présence dans le massif alpin, les éleveurs ont su se réadapter et mettre en place des solutions de protection pour réduire au maximum les prédations.
Arrêtons de crier au loup, oui à la cohabitation harmonieuse avec le Vivant !