Pas nuisibles  : les renards épargnés dans 10 communes de l’Hérault 

Dans l’Hérault, grâce notamment à une mobilisation de bénévoles ASPAS, LPO et Goupil connexion, les renards échappent au nouveau classement ESOD 2023-2026 dans plusieurs communes du département. Le rôle des prédateurs dans la régulation naturelle des lapins a été l’un des arguments mis en avant pour convaincre la préfecture.  

Des dégâts de lapins chez les arboriculteurs, une mobilisation locale des associations et un important travail de concertation avec les élus et services de la préfecture ; pour que les renards ne soient plus considérés comme “nuisibles” à Montpellier et dans neuf communes* limitrophes à l’est de la capitale héraultaise, il a fallu jouer de beaucoup de patience et de persévérance… Mais le jeu en valait la chandelle !

Dans le même temps, 7 renards recueillis par le centre de soins Goupil connexion ont pu être relâchés sur ces communes. Débrouillards qu’ils sont, les renards auront su très bien profiter de cette liberté retrouvée et contribuer à rétablir l’équilibre naturel prédateurs / proies. À condition que les chasseurs les laissent tranquilles…

Quand les chasseurs régulent le régulateur...

Si les renards échappent à la liste des ESOD dans ces 10 communes, reste hélas qu’ils figurent toujours parmi les espèces chassables… C’est ainsi que l’on a appris, au détour d’un article publié dans Midi Libre en février 2023, que les chasseurs avaient organisé une battue en février 2023 pour tuer un maximum de lapins. Or sur la photo où ils posent fièrement derrière leurs petits trophées, ils exposent également un cadavre de renard, soit le régulateur naturel des lapins… Chasseurs, premiers écologistes de France ?… Vraiment pas !  

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Capture d'ecran de l'article de Midi Libre daté du 7 février 2023

Rappelons que les lapins, au même titre que les lièvres, les perdrix ou les faisans, font partie du “petit gibier” que s’approprient les chasseurs. Beaucoup sont même élevés pour être relâchés… Concernant les lapins, les chasseurs pratiquent également la “reprise” : les capturer sur un territoire pour les relâcher sur un autre…  

Sur les terrains de jeux des chasseurs, tout prédateur qui s’en prendrait à leurs petites cibles est donc automatiquement mal vu. Voilà pourquoi ils font tout pour garder le droit de tuer les renards, mais aussi les fouines, martres, belettes… La Fédération départementale des chasseurs de l’Hérault a d’ailleurs été fort embarrassée, début janvier, lorsque France 3 a expliqué dans un reportage que des renards avaient été relâchés pour aider les chasseurs à réguler les lapins en surnombre !

Espérons que parmi les chasseurs d’autres auront eu la lucidité d’épargner les renards survivants dans ces quelques communes… Ils ne pourront de toute manière plus y chasser les renards après le 29 février, dernier jour de chasse de la saison.

Même si ce ne sont que quelques communes d’un seul département, chaque avancée pour les renards est une victoire bienvenue dans une société où, malgré l’influence écrasante des chasseurs sur les décisions politiques, la cause des animaux sauvages progresse de jour en jour. Pas aussi vite que l’on aimerait, on vous l’accorde…

* Les 10 communes sont : Baillargues, Candillargues, Lansargues, Le Crès, Marsillargues, Mauguio, Mudaison, Saint-Aunès, Saint-Brès, Montpellier. 

Le renard classé “ESOD” dans 90% des départements français…

 

Depuis le 3 août 2023, le renard est à nouveau classé “espèce susceptible d’occasionner des dégâts” dans 88 départements de France métropolitaine, et ce jusqu’en 2026… Un classement établi sous la pression des chasseurs et d’une partie du monde agricole, mais largement décrié par la communauté scientifique, comme en témoigne le récent rapport de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) commandé par la LPO et l’ASPAS.

© Photo d’en-tête : Joël Brunet

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