Chasser les sangliers jusqu’au 31 mars, c’est possible dans une très large majorité de départements depuis l’entrée en vigueur du décret n°2020-59, publié le 29 janvier 2020…
Avec ça et l’ouverture anticipée de la chasse le 1er juin, les sangliers sont donc persécutés par le loisir de la chasse 10 mois sur 12. Et rien ne garantit qu’ils seront tranquilles les deux mois restants, les préfets pouvant aussi autoriser des battues administratives à tout moment…
Davantage de temps de chasse et toujours autant d’agriculteurs qui se plaignent de dégâts sur leurs cultures… Cherchez l’erreur ! Voilà des années que l’État fait confiance aux chasseurs pour réguler les sangliers alors que les déséquilibres persistent… L’ASPAS a maintes fois dénoncé les dérives cynégétiques qui ont contribué à expliquer la situation actuelle (croisements entre sangliers et cochons domestiques, lâchers légaux et clandestins, agrainage et nourrissage, tirs sélectifs, évasions des parcs et enclos de chasse…), mais pour des raisons politiques (et économiques), l’État continue de confier les rênes de la gestion des sangliers aux chasseurs, dénigrant parfaitement le rôle des grands prédateurs naturels de cette espèce, et le recours à des solutions alternatives non létales pour maîtriser les populations (interdiction de l’agrainage, stérilisations…).
En favorisant ainsi la chasse, l’État perpétue aussi le problème de l’insécurité liée à ce loisir, la majorité des accidents graves survenant lors de battues au grand gibier…
Insécurité, inefficacité mais aussi dérangement de la faune en pleine période de reproduction et de naissances : en 2020, l’ASPAS avait appelé à participer à la consultation publique pour que l’État renonce à son projet d’offrir un mois de rab aux chasseurs, puis avait attaqué le décret devant la justice. Nous n’avons hélas pas été entendus.
En cette saison où commencent à fleurir dans les forêts violettes, primevères et autres pervenches, et où l’envie de ressortir dans la nature au sortir de l’hiver gagne de plus en plus de monde, ne soyez donc pas surpris de croiser ci-et-là des individus en orange-fluo, armes à la main, dans les 77 départements de l’Hexagone qui ont autorisé une prolongation des tueries jusqu’à la fin mars…
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