“Nuisibles” : feu vert du Ministère pour 3 nouvelles années d’enfer…

Renards, geais, martres, pies, fouines, corbeaux, belettes, corneilles et étourneaux : après un mois de faux suspense et malgré 70% d’avis négatifs déposés dans le cadre de la consultation publique, le nouvel arrêté triennal relatif aux “ESOD” a été officiellement publié ce 4 août. Malgré quelques mini-avancées, ce texte de la mort reconduit jusqu’à l’été 2026 le piégeage et l’abattage de masse de millions d’animaux sauvages  

Dans un contexte alarmant d’effondrement de la biodiversité directement lié à la nocivité des activités humaines sur le milieu naturel (pesticides, coupes rases, artificialisation des sols, assèchement des zones humides…), la France de Macron préfère donc céder une fois de plus aux seuls intérêts des puissants lobbies de la chasse et de l’agriculture intensive en portant davantage de coups à la vie sauvage !  

Cette décision inique de renouveler la liste des ESOD n’est rien d’autre qu’un nouveau bras d’honneur fait à la nature, à ses défenseurs, mais aussi au monde scientifique qui n’a de cesse de démontrer l’absurdité de déstabiliser l’équilibre des écosystèmes naturels par la destruction illimitée et injustifiée de certaines espèces jugées gênantes pour certaines activités humaines… Hélas, la France de Macron n’a toujours pas compris que c’est en travaillant avec la nature et pas contre elle que nous sortirons par le haut des crises qui touchent le climat et la biodiversité. 

Puisqu’on ne peut donc décidement rien attendre de nos dirigeants politiques, référons-nous une fois de plus à la justice : comme en 2019 contre le précédent arrêté, l’ASPAS saisira le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française, pour tenter de sauver un maximum d’animaux considérés à tort comme nuisibles. 

Quels changements par rapport à l’arrêté précédent (période 2019-2023) ?

L’ASPAS est opposée au principe même d’une liste permettant la destruction de tel ou tel animal, mais s’il nous fallait trouver malgré tout quelques miettes d’amélioration dans ce nouvel arrêté, notons :  

  • Le déclassement total du putois d’Europe (conséquence de notre victoire devant le Conseil d’Etat en 2021) ; 
  • Le retrait du renard dans toute l’Yonne et son déclassement partiel dans 8 autres départements, dont l’Hérault où la délégation ASPAS s’est beaucoup mobilisée en amont ;  
  • Une légère avancée pour la pie, qui voit son classement ESOD réduit de 9 départements (50 au lieu de 59)  
  • La possibilité pour les préfets de limiter les modes de “destruction” des espèces classées ESOD, ce qui est une avancée assez remarquable puisque, par exemple, l’Ardèche et l’Hérault interdisent le déterrage des renards !

L’avenir est en revanche plus sombre pour la corneille noire et le corbeau freux, deux corvidés qui voient leur classement ESOD s’étendre à de nouveaux départements…  

Pour le reste, c’est un large statu quo, avec un jeu de chaises musicales de déclassements / reclassements qui ne dénote aucune amélioration notable du sort des animaux visés. Le geai par exemple, est déclassé en Dordogne et en Corrèze mais reclassé dans le Vaucluse… La fouine, elle, disparaît du classement ESOD de plusieurs départements (Charente, Manche, Yonne…) mais réapparaît dans d’autres (Hérault, Morbihan, Marne…).  

Quant à la belette, on se demande bien pourquoi le Pas-de-Calais continue à se ridiculiser en tant qu’unique département de France à vouloir s’acharner sur le petit carnivore 3 années de plus… Pourquoi ce département est-il le seul à ne pouvoir se protéger efficacement d’un petit mammifère d’une centaine de grammes ? 

 

Victoire de l'opinion publique

Dès la publication du projet d’arrêté le 15 juin dernier, l’ASPAS a appelé à une mobilisation massive des citoyens, avec la mise à disposition de nombreux arguments pour contrer la logique macabre du Ministère.

S’il peut paraître vain de donner son avis en participant à une consultation publique dont le bilan ne sera aucunement pris en compte, on peut se réjouir qu’une large majorité de Français se prononce contre la destruction d’animaux considérés à tort comme nuisibles, avec 70,8% de contributions négatives recensées par le Ministère (synthèse à consulter ici). Une forte opposition que révélait déjà le sondage IFOP commandé par l’ASPAS et d’autres associations en juin dernier. 

Les cartes de France des "nuisibles" jusqu'en 2026

Comment un animal est classé "nuisible"

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L’ASPAS, association 100% indépendante, milite en faveur des “nuisibles” depuis les années 80 et a remporté de nombreuses victoires juridiques qui ont permis toutes ces années de sauver des millions de renards, martres, pies et autres mal-aimés. Grâce à notre dernier recours devant le Conseil d’Etat, le putois a pu sortir de la précédente liste ESOD et de nombreux renards ont pu être épargnés des massacres dans plusieurs départements.  
Pour soutenir nos actions en justice, vous pouvez faire un don. MERCI !  

Photo d’en-tête : Martre des pins © Fabrice Cahez

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