Quelques jours avant la visite du Ministre de l’Agriculture dans son département, le Préfet de Haute-Savoie a pris au dernier moment un arrêté autorisant l’abattage indiscriminé de 75 bouquetins dans le but d’éradiquer un foyer de brucellose, une maladie infectieuse potentiellement transmissible au bétail et à l’homme. Il a déclenché dans la foulée une opération de grande ampleur en interdisant l’accès au massif du Bargy pendant 48 heures pour y perpétrer cette tuerie à huis clos, au cours de laquelle 61 bouquetins ont été abattus.
Afin de sauver désormais les 14 bouquetins restant à abattre, nous en appelons directement au Ministre de la Transition Écologique, dont la responsabilité est d’interdire tout tir supplémentaire avant le verdict de la justice sur la légalité de cet arrêté. Nos huit associations* ont en effet déposé en urgence au tribunal administratif de Grenoble, ce mercredi 20 octobre, un référé suspension contre l’arrêté autorisant cet abattage indiscriminé. L’audience se tiendra le 3 novembre.
L’abattage indiscriminé des bouquetins n’est clairement pas une solution à l’éradication de la brucellose. Les scientifiques du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) avaient déjà émis le 16 juin 2022 un avis défavorable à cette stratégie. Depuis le printemps 2022, 170 bouquetins ont été capturés et il a été constaté que plus de 96% n’étaient pas porteurs de la maladie. L’hypothèse d’une contamination directe de bovins par les bouquetins n’a jamais pu être confirmée avec certitude dans la mesure où d’autres animaux sauvages, tels que des chamois, des cerfs et des chevreuils se sont également révélés être porteurs de la bactérie.
La justice avait déjà donné raison aux associations en mai 2022 en suspendant un précédent arrêté préfectoral qui visait à abattre 170 bouquetins de façon indiscriminée.
En dépit de tout cela, le Préfet a décidé de « nettoyer » le massif du Bargy quelques jours avant la venue du Ministre de l’Agriculture, contre les avis des scientifiques et des citoyens, qui sont 88 % à avoir émis un avis négatif lors de la consultation publique menée cet été. Il s’agit là d’un massacre, au sens propre du terme, car seuls 2 ou 3 bouquetins parmi les 61 abattus étaient potentiellement séropositifs selon les premières analyses.
L’État n’écoute ni les scientifiques, ni la justice, ni les citoyens, ni les associations. Il cède à la pression des lobbys agricoles.
(*) AJAS, Animal Cross, ASPAS, AVES, FNE Auvergne-Rhône-Alpes, FNE Haute-Savoie, LPO, One Voice
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