En Haute-Savoie, un énième projet d’arrêté prévoit d’autoriser cet automne la capture de 8 bouquetins présents sur le massif du Bargy, et l’euthanasie des individus qui se révéleraient être atteints de brucellose. Cette maladie, qui trouve son origine première dans les élevages domestiques, menace la production de fromages AOP, c’est pourquoi le monde agricole fait pression depuis 2013 pour que l’Etat procède à l’abattage systématique d’animaux sauvages, et tant pis s’ils sont très majoritairement sains… Voilà maintenant 10 ans que l’ASPAS se bat en justice aux côtés d’autres associations contre cette politique d’abattage, avec de nombreuses victoires à la clé (la dernière date du 15 juin 2023).
Il faut croire que cette jurisprudence semble enfin porter ses fruits, puisque dans son dernier projet d’arrêté, le préfet se range une fois n’est pas coutume à l’avis de l’ANSES* et du CNPN**, en optant prioritairement pour la solution des captures / tests. Toutefois, la préfecture ne donne qu’un seul mois aux agents de l’Office Français de la Biodiversité pour procéder aux opérations de capture (du 1er au 31 octobre). Si passé ce délai, les 8 individus n’ont pas été capturés, l’article 3 de l’arrêté prévoit d’autoriser les agents à abattre les animaux, avec le risque d’ôter la vie à des animaux potentiellement sains… Une telle politique de tirs, maintes fois dénoncée par l’ASPAS, est totalement inacceptable d’autant plus à l’égard d’une espèce strictement protégée.
À la lumière de ces éléments, l’ASPAS vous invite à vous exprimer dans le cadre de la consultation publique organisée jusqu’au 25 août :
- Saluons la volonté de la préfecture de suivre les recommandations de l’ANSES et du CNPN, acceptées par nos associations (1. capture ; 2. test ; 3. euthanasie des individus malades ou relâcher des animaux sains)
- Demandons à prolonger la période d’application de l’arrêté (du 15/09 au 31/10), afin de donner toutes les chances aux agents OFB de mener à bien les opérations de capture / test.
- Refusons toute décision visant à abattre de manière indiscriminée des animaux potentiellement sains, une solution de facilité à laquelle l’Etat a trop souvent eu recours sous pression des lobbies agricoles, mais qui n’est nullement recommandée par les scientifiques et les associations de protection de la nature.
Pour participer, écrivez avant le 25 août à minuit à l’adresse ddt-consultations-publiques@haute-savoie.gouv.fr
Merci pour votre mobilisation !
*ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
** CNPN : Conseil national de la protection de la nature. Pour lire leur avis rendu sur ce projet, cliquez ici.
Photo d’en-tête © Patrick Joudrier