!! MISE À JOUR DU 9 MARS 2022 !! Nous apprenons qu’en plus des tirs de nuits (voir le bas de cet article), la préfète veut autoriser la période complémentaire de vénerie sous terre des blaireaux dès le 15 mai !! Il y a donc une 2e consultation publique à laquelle l’ASPAS vous invite à participer, avant le 22 mars. Pour vous aider à rédiger votre message, n’hésitez pas à vous inspirer des arguments ci-dessous :
Des arguments à reprendre et à personnaliser
La période complémentaire de chasse sous terre du blaireau, ou vénerie sous terre, est une pratique cruelle, barbare et non sélective, indigne d’un pays qui se prétend « civilisé ». Cette chasse cruelle a lieu pendant la période d’allaitement, de sevrage et d’élevage des jeunes, ce qui est catastrophique pour une espèce à faible taux de reproduction.
Une espèce fragile dont on ne connaît pas les populations
Aucune donnée scientifique relative à la population de blaireaux n’est fournie, et les recensements de terriers, lorsqu’ils ont lieu, ne distinguent pas terriers principaux et secondaires, ce qui augmente artificiellement les effectifs estimés. Or, les destructions vont avoir lieu pendant plusieurs mois, et alors que la période de dépendance des jeunes blaireautins n’est pas terminée (de mars à août), ce qui est éthiquement insoutenable et catastrophique pour une espèce à faible taux de reproduction (une femelle a en moyenne seulement 2,7 jeunes/an).
Un véritable acharnement !
Le blaireau est un animal particulièrement impacté par les collisions routières. Espèce chassable jusqu’à fin février, le blaireau peut également subir des battues administratives. Autoriser une période complémentaire de déterrage ne fait qu’accentuer l’acharnement contre cette espèce discrète et nocturne.
Des dégâts faibles et évitables
Les informations concernant les dégâts causés par les blaireaux ne sont pas précises. Les dégâts agricoles imputés à cette espèce sont très localisés (essentiellement en lisière de forêt), et sont souvent confondus avec les dégâts, autrement plus importants, provoqués par les sangliers. Ils peuvent être évités par des mesures de protection des cultures ou d’effarouchement, comme l’installation d’un fil électrique ou l’utilisation d’un produit répulsif.
Le déterrage peut favoriser la dispersion de la tuberculose bovine
La vénerie sous terre n’est d’aucune utilité pour lutter contre la tuberculose bovine ; au contraire, elle ne ferait que contribuer à son expansion ! C’est la raison pour laquelle, dans les zones à risque, un arrêté ministériel du 7 décembre 2016 interdit « la pratique de la vénerie sous terre pour toutes les espèces dont la chasse est autorisée en raison du risque de contamination pour les équipages de chiens ». La tuberculose bovine est une maladie d’origine agricole, transmise à beaucoup d’animaux sauvages dont les blaireaux qui peuvent ensuite devenir un réservoir. Depuis 2001, la France est considérée comme « officiellement indemne de tuberculose bovine » par l’Union européenne, malgré la persistance chaque année d’une centaine de foyers en élevage.
Une espèce protégée ailleurs en Europe
Le déterrage porte une atteinte supplémentaire à une espèce pourtant garante d’une biodiversité riche et d’une nature préservée. Elle est protégée chez nos voisins anglais, belges et néerlandais, et fait l’objet d’une attention particulière par la Convention de Berne, qui interdit le recours aux sources lumineuses. La France a d’ailleurs été récemment sommée de n’autoriser cet instrument que de manière très restrictive.
La réforme de 2019 ne change rien
La réforme ministérielle de février 2019, visant à limiter les souffrances des animaux, est inapplicable. Et surtout, rien ne change à la finalité même de la vénerie sous terre : celle de supprimer des animaux vivants, jugés indésirables par l’homme qui s’octroie un droit de vie et de mort sur des êtres sensibles (cliquez ici pour plus de détails sur cette réforme).
Non aux tirs de nuit des blaireaux !
En parallèle au projet d’arrêté autorisant la vénerie sous terre dès le 15 mai, la préfecture s’apprête à adopter un texte permettant le tir nocturne des blaireaux entre le 1er avril et le 15 septembre… Une hérésie totale !! Les lieutenants de louveterie (= chasseurs avec au moins 5 ans de permis) réquisitionnés pour ce massacre ont même le droit d’utiliser de l’équipement militaire (fusils à lunettes thermiques) !
Abattre sans limite les blaireaux PARTOUT dans le département, à une période sensible où des centaines de blaireautins risquent de se retrouver orphelins, c’est totalement CRIMINEL !
Non seulement aucune donnée n’est fournie sur l’état de la population de blaireaux dans l’Ain, mais aucune preuve n’est non plus apportée quant à leur responsabilité réelle en termes de dégâts agricoles. Et quand bien même les blaireaux provoqueraient des dégâts, des solutions de protection des cultures existent et ont déjà prouvé leur efficacité, notamment dans le Bas-Rhin où l’espèce n’est pas chassée depuis 2004 !
Les blaireaux, comme tous les animaux sauvages, ont un rôle à jouer dans l’écosystème. Ils se nourrissent essentiellement de vers de terre, de baies, de tubercules, et leurs terriers peuvent profiter à d’autres espèces (chauves-souris, chats forestiers, renards…). L’expérience montre aussi que les dégâts agricoles dont on accuse les blaireaux sont souvent confondus avec ceux provoqués par les sangliers. D’ailleurs, les abattages que veut autoriser la préfète de l’Ain sont qualifiés d ‘ « interventions d’opportunité lors des tirs de nuit sur l’espèce sanglier », c’est donc bien la preuve que les tirs de blaireaux ne sont pas liés à des dégâts précis…
L’ASPAS vous encourage à participer à la consultation publique pour dire NON à ce projet mortifère. Pour ce faire, envoyez un message personnalisé à l’adresse ddt-spge-fspc@ain.gouv.fr avant le mercredi 9 mars, en indiquant bien l’objet suivant : “Consultation du public saison de chasse”.
Merci pour votre mobilisation !
© Photo d’en-tête : Denis Avondes