Ne supportant plus les loups et leurs protecteurs, des éleveurs multiplient les exactions. Mais sous la pression des syndicats agricoles, des préfets encouragent ces violences par des arrêtés illégaux de chasse au loup. Bien qu’ils ne défendent que la loi, les écologistes craignent un accident proche. Ils ne manqueront pas de se retourner contre les responsables s’il arrive…
Le 8 novembre à Gap, des éleveurs de la FDSEA (Fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles) des Hautes Alpes et des JA (Jeunes agriculteurs) jetaient des tripes de brebis ensanglantées sur la vitrine de la Société alpine de protection de la nature, terrorisant les bénévoles enfermés dans leur local. Pire encore : le 27 novembre, une émission de France Bleu Auvergne révélait qu’une note écrite du Président de la FNO (Fédération nationale ovine) datée du 13 poussait officiellement ses adhérents à de telles exactions !
Ce sentiment d’impunité, et la violence qui l’accompagne, est encouragé par les décisions des pouvoirs publics. En effet, le loup est une espèce protégée, mais les préfets prennent des arrêtés qu’ils savent pertinemment illégaux de tirs au loup, de façon à faire s’affronter les défenseurs de la biodiversité au monde de l’élevage.
Les protecteurs de la nature ne font pourtant que demander le respect de la loi et de la volonté des citoyens. Qu’ils soient urbains ou ruraux, 76 % des Français sont pour la présence du loup dans notre pays, et 80 % contre son éradication.
Les défenseurs du loup ne sont ni inconscients des difficultés de l’élevage, ni des « Parisiens angéliques ». Beaucoup ont eux-mêmes des animaux, et l’ASPAS compte parmi ses adhérents des bergers et des éleveurs acceptant la cohabitation avec les prédateurs. Mais ces derniers n’ont aujourd’hui guère le droit à la parole. Rappelons que chaque année, 400 000 à 500 000 brebis de réforme sont envoyées à l’équarrissage, 100 000 moutons et chèvres sont victimes de chiens divagants, donc tous mis hors du circuit commercial. Les dégâts imputés au loup sont infimes face aux réalités de terrain. Mais le prédateur cristallise les haines au-delà de toute logique, et ses défenseurs sont menacés.
L’ASPAS envoie ce jour une lettre au Président de la FNO, avec copie aux ministères concernés, et demande d’urgence le retour à la démocratie et au respect des autres avant qu’il n’arrive un accident. L’ASPAS promet des réactions fermes, devant la justice, s’il arrive quoi que ce soit (abandon et transport illégal de cadavres d’animaux, violation de domicile, dégradation et détérioration de biens d’autrui, incitation à commettre ces infractions).