Les nichoirs en plastique des chasseurs financés avec l’éco-contribution…

Pour aider à lutter contre l’invasion des chenilles processionnaires dans les Hauts-de-France, la Fédération régionale des chasseurs distribue gratuitement 20 000 nichoirs pour mésanges. Une initiative louable, au premier abord… Sauf qu’en y regardant d’un plus près, on déchante vite : les nichoirs sont en partie financés par le contribuable (via le dispositif opaque de léco-contribution créé par la loi du 24 juillet 2019), ils sont noirs (bonjour la chaleur !), et surtout, ils sont fabriqués en plastique léger (super les futurs déchets !)  

C’est Médiacités qui révèle l’envers du décor peu reluisant de ceux qui se revendiquent être “les 1ers écolos de France” : selon le site d’investigation, ces nichoirs ont été achetés 2,80 euros pièce auprès dArdenn’Pac, une entreprise basée dans l’Aisne spécialisée dans le polypropylène alvéolaire, un plastique recyclable.  

La Région présidée par Xavier Bertrand, connu pour avoir sucré des subventions aux associations écolos et pour avoir offert un radar ornithologique inutile pour les chasseursaurait financé la moitié du projet, et l’Office Français de la Biodiversité un tiers (via la fameuse éco-contribution un fonds annuel d’environ 13 millions d’euros d’argent public censé financer des projets de protection de la biodiversité menés par les chasseurs)   

Interrogé par Médiacités, le directeur régional de l’OFB confirme avoir validé ce projet, tout en précisant qu’on lui a demandé de “parapher un document global sans précision technique. Sans suivi, ni contrôle...  

Cette opacité du dispositif de l’éco-contribution, c’est précisément ce que l’ASPAS, la LPO et OPIE ont dénoncé dans leur recours en justice (en attente de jugement). C’est aussi ce que la Cour des Comptes a pointé du doigt dans son audit de la Fédération Nationale des Chasseurs publié en juillet 2023 ; s‘agissant de l’utilisation du Fonds biodiversité, elle signale un sérieux “manque d’information dans les dossiers rendant l’évaluation difficile, que ce soit du point de vue de leur pertinence, de leur qualité scientifique et technique, que de leur faisabilité”. Les Sages appellent ainsi le Gouvernement à procéder à “une évaluation approfondie des projets financés par le Fonds biodiversité en amont de l’échéance en 2026″.

Lâchers de lapins pour la chasse dans le Vaucluse, forêts zigouillées pour permettre aux 4×4 des chasseurs d’accéder à de nouvelles zones en Ariègeversants de montagnes bousillés à la pelle araignée pour les futures parties de chasse aux tétras lyres dans les Hautes-Alpes Dans de bien nombreux cas qui ont été portés à notre connaissance, ce que les chasseurs qualifient “d’actions concrètes en faveur de la biodiversité” relèvent plutôt d’un scandaleux greenwashing cynégétique financé par l’argent du contribuable, dont l’objectif semble bien de satisfaire l’intérêt des chasseurs avant celui de la nature…

Pour aller plus loin :

> Enquête de “Charlie Hebdo” (juillet 2023) : “Éco-contribution” : 10 millions d’euros par an pour flinguer la nature (charliehebdo.fr)

> Enquête de Radio France (novembre 2023) : Initiation au couteau, nichoirs en plastique… Comment les fédérations de chasse utilisent l’argent public

> Enquête de “Capital” (novembre 2023) : “Chasseurs : comment ils ont mis la main sur des millions de subventions dédiés à la biodiversité”

> Article de 30 millions d’Amis : “5 révélations troublantes sur les subventions allouées aux chasseurs”

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