En réponse à la gestion calamiteuse des sangliers par les chasseurs, l’État veut permettre aux préfets d’ordonner des opérations de piégeage, sans qu’ils aient besoin de passer par les Fédérations de chasse. Jusqu’au 13 octobre 2020, le grand public a pu s’exprimer sur ce projet de décret morbide, avec ce choix impossible : le massacre des sangliers par la chasse, ou leur destruction par le piégeage…

Privés de leur joujou et de leur monopole sur la faune, les chasseurs boudent. Ce texte de la mort crée du remous au sein de leur petit monde, et pour cause : pour un chasseur qui gère « son » gibier sur « son » territoire, il est totalement inadmissible que la Préfecture s’en mêle et vienne gâcher son petit plaisir.

« Pourquoi le projet permet-il au Préfet de prendre la main pour décider du piégeage des sangliers sans que le président de la fédération n’en soit à l’initiative ? » s’interroge ainsi dans une complainte d’enfant gâté La Fédération Nationale des chasseurs. Pour les chasseurs, la position officielle est claire : le piégeage des sangliers, c’est NON.

Ils savent pourtant pertinemment bien que le piégeage, concernant les sangliers, est largement plus efficace que la chasse… Mais voilà, c’est nettement moins amusant… et moins lucratif.

Élevages, croisements avec des cochons domestiques, lâchers dans la nature, nourrissage, tirs sélectifs pour épargner les laies reproductrices… Pendant des décennies les chasseurs se sont fait plaisir à entretenir leurs cheptels de sangliers un peu partout sur le territoire, avec les conséquences que l’on connaît aujourd’hui : une surabondance de suidés et des dégâts agricoles qui se chiffrent en millions d’euros.

Les chasseurs invoquent bien entendu d’autres raisons pour expliquer cette profusion incontrôlée de sangliers (diminution du nombre de chasseurs, changement climatique, tempête de 1999, couvert végétal en expansion…), mais qui s’intéresse de près au monde de la chasse et à ses enjeux lucratifs, sait bien que c’est dans leur intérêt d’avoir toujours à disposition un « gibier » abondant afin de justifier leur raison d’être.

Voilà des années que les chasseurs jouent aux pompiers-pyromanes avec les sangliers, et le problème ne fait que s’aggraver. Devant cette implacable réalité, leur argument-massue de la nécessaire régulation s’avère n’être qu’une vaste supercherie : avec ce projet de décret, l’État semble enfin vouloir siffler la fin de la récré !

La position de l’ASPAS

 

Pour l’ASPAS, il n’est pas question de cautionner ce piégeage massif, mais évidemment pas pour les mêmes raisons que les chasseurs. Nous regrettons que l’État ne se focalise pas plutôt sur la recherche de solutions alternatives, notamment : la généralisation des mesures de protection (canons d’effarouchement, clôtures électriques…), la recherche de cultures moins attirantes pour les sangliers (on sait tous qu’ils raffolent du maïs !) et surtout l’interdiction immédiate de l’agrainage. Une fois de plus le lobby chasse nous a montré les conséquences désastreuses de son comportement, et l’ASPAS déplore que ce soit, encore et toujours, les animaux qui trinquent de la bêtise humaine.

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