La préfecture de Haute-Savoie veut encore et toujours autoriser de nouveaux abattages de bouquetins dans le Massif du Bargy, des animaux sauvages pourtant protégés par la loi. Alors qu’en mai dernier, la justice avait suspendu l’abattage indiscriminé des individus, l’État propose un nouvel arrêté qui aura pour conséquence d’abattre bon nombre d’individus sains. Nous avons jusqu’au 25 juillet pour manifester notre opposition !
Depuis 2012, les bouquetins du massif du Bargy font l’objet d’un véritable acharnement de la part des préfets successifs de Haute-Savoie, en raison de la maladie que cette population est suspectée de véhiculer, la brucellose. Cette zoonose est transmissible aux cheptels domestiques que côtoient parfois les bouquetins dans les alpages, ce qui explique que les lobbies agricoles sont vent debout pour que le préfet agisse, au détriment de la faune sauvage, fusse-t-elle protégée.
Depuis le début de cette saga mortifère, l’ASPAS se mobilise avec d’autres associations contre ces abattages à répétition.
Pour justifier ce nouvel arrêté, la préfecture évoque toujours le même cas de contamination d’une vache, qui a eu lieu en novembre 2021, malgré un avis défavorable à l’unanimité des membres du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) téléchargeable ici.
Un projet d’arrêté prévoyant l’abattage de 75 individus est soumis à la consultation du public. Le tout sans se soucier qu’ils soient contaminés ou non, condamnant ainsi bon nombre d’individus sains, uniquement car les autorités ne sont pas parvenues à les capturer et les tester. Pour participer, écrivez à ddt-consultations-publiques@haute-savoie.gouv.fr avant le 25 juillet !
Quelques arguments pour vous aider :
L’ASPAS s’oppose à ce projet d’arrêté dès lors qu’il autorise de nouveaux abattages de bouquetins réalisés sans test préalable, soit sur des animaux potentiellement sains. Pour rappel, depuis 2012, sur une population estimée à environ 700 individus, au moins 482 bouquetins ont été éliminés, dont 134 par euthanasie après capture et 348 par abattage indiscriminé. Une proportion très importante d’animaux sains a donc déjà été abattue dans le cadre de la lutte organisée par la préfecture de Haute-Savoie contre la brucellose, ce qui est proprement scandaleux quand on sait que des méthodes alternatives moins invasives auraient pu être utilisées.
Ces abattages supplémentaires sont évitables et fondés sur des éléments erronés. Ainsi, le CNPN a fondé son avis sur plusieurs éléments :
- Selon le rapport de l’ANSES, au regard de la diminution drastique de la maladie au sein de la population de bouquetins (taux de prévalence estimé à 4% dans le cœur du massif, divisé par 10 en 5 ans, et estimé proche de zéro en zones périphériques), il est possible d’espérer une extinction spontanée du foyer d’infection dans la population des bouquetins du Bargy.
- On ne connaît toujours pas le mode de transmission de la maladie aux cheptels domestiques. En effet, il semble que la contamination ne résulte pas d’un contact direct entre bouquetins et bovins, et il conviendrait de mettre l’effort sur l’identification de ce vecteur de contamination afin d’agir sur la véritable cause.
- La solution passera par une évaluation des mesures alternatives en matière de conduite des troupeaux afin d’augmenter les mesures de biosécurité. Cette demande, pourtant formulée par les associations et les différents acteurs depuis la détection du foyer de la maladie il y a 10 ans, n’a jamais fait l’objet d’une mise en œuvre sérieuse et contraignante par la préfecture. Face au lobby agricole, la modification des pratiques agricoles reste inimaginable.
- Il est possible de concentrer les abattages sur certains secteurs davantage concernés par la maladie, ce qui permettrait de réduire le risque d’abattre des animaux sains.
- L’ANSES souligne que « la probabilité d’avoir un succès d’assainissement avec cette mesure est inférieure à une chance sur deux ».
- Ces mesures présentent un risque de déstructuration de la population globale de bouquetins du secteur, avec la possibilité de contacts entre des groupes jusqu’alors cloisonnés et un risque de déplacements d’individus sains provenant des massifs voisins et qui viendraient se contaminer.
Comme le souligne le CNPN dans son avis du 27 janvier 2022, « la biodiversité ne doit pas constituer la variable d’ajustement pour apaiser les conflits ». Aussi, l’ASPAS vous invite à participer massivement à cette consultation pour montrer le souhait de changer de paradigme dans notre rapport à la faune sauvage ! Et n’oubliez pas que les messages posés et sans injure seront les plus efficaces pour sauver ces animaux.
Merci de votre participation !
Crédits photo : © R. Collange