Les chauves-souris, derniers mammifères indigènes présents dans les Antilles françaises, sont des espèces fragiles. Dans un arrêté du 17 janvier 2018, le ministre chargé de l’écologie a fixé des conditions de protection de ces dernières insuffisantes, alors même que la France s’est engagée à les protéger. L’ASPAS et l’ASFA ont fait parvenir un recours gracieux à M. Hulot et envisagent de saisir le Conseil d’État si le ministre de la Transition écologique et solidaire n’accède pas à leurs demandes.
Les chauves-souris sont des espèces fragiles, à l’origine de nombreux services écosystémiques primordiaux : auxiliaires biologiques dans la lutte contre les insectes (protection agricole et contre les zoonoses), pollinisateurs de nombreuses plantes indigènes et d’arbres fruitiers, disséminateurs essentiels de graines (production de fruits, régénération forestière, etc.).
Certaines de ces espèces sont inscrites sur les listes rouges des espèces menacées fixées par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
La France possède une responsabilité très importante dans la conservation de ces espèces puisque les îles françaises regroupent l’une des plus grandes diversités mais surtout l’endémisme le plus marqué. En effet, parmi les 16 espèces recensées, 9 sont endémiques des Antilles, dont 7 des Petites Antilles (dont font partie les îles françaises), c’est-à-dire que ces espèces ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. De plus, la France s’est engagée au niveau international à protéger ces espèces et à veiller à leur conservation.
Le 17 janvier 2018, le ministre chargé de l’écologie a fixé les conditions de protections des chauves-souris dans les Antilles (Guadeloupe, Martinique et Saint Martin). Si ces textes permettent de mieux encadrer la protection de cette faune fragile, nous avons soulevé des insuffisances réglementaires :
- La perturbation intentionnelle des espèces n’est interdite que si cette perturbation remet en cause le cycle biologique de l’espèce concernée. Or l’enjeu de conservation de ces espèces nécessite une interdiction totale de cette perturbation. Ces espèces n’ont pas beaucoup de possibilités de gîtes : les cavités favorables sont très peu nombreuses. Si elles sont dérangées, elles utiliseront des sites moins favorables, ce qui aura automatiquement un impact sur l’état sanitaire des colonies. Sans compter qu’elles peuvent se blesser ou être prédatées lors d’un déplacement diurne forcé.
Nous demandons donc à ce que la perturbation intentionnelle soit réprimée, quel que soit lé période où elle intervient.
- La perturbation intentionnelle des deux espèces de molossidés ( Tadaride du Brésil et Molosse commun) n’est pas interdite. Or ces espèces sont les plus susceptibles de vivre près des activités humaines et d’être dérangées. De plus, il n’y a aucune distinction entre le milieu anthropique et le milieu naturel, ce qui signifie qu’une personne peut s’introduire dans une grotte et déranger une colonie entière en toute impunité.
Nous demandons à ce que la perturbation de ces espèces en milieu naturel soit interdite, et à ce que leur perturbation en milieu anthropique soit encadrée. Pour se débarrasser des chauves-souris, de nombreuses personnes font appel à des entreprises spécialisées dans la lutte contre les animaux sauvages. Nous proposons de mettre en place une formation à destination de ces entreprises, afin de les former et de les sensibiliser aux méthodes douces pour déplacer les animaux en occasionnant le moins de perturbation possible.
Les modifications de ces arrêtés sont d’autant plus nécessaires que cette zone géographique connaît des événements météorologiques de grande ampleur faisant de nombreuses victimes au sein de la faune sauvage, comme nous l’ont rappelé les ouragans survenus à la fin de l’été 2017.
L’ASPAS et l’ASFA (Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles) envisagent de saisir le Conseil d’État si le ministre de la Transition écologique et solidaire n’accède pas à leurs demandes.