Plusieurs arrêtés, pris en catimini au creux de l’été, autorisent des « destructions » de renards en Seine-et-Marne, dans l’Aube et dans la Manche. Le motif principal est toujours le même : préserver le « petit gibier » des chasseurs ! L’ASPAS saisit la justice.
En Seine-et-Marne
En Seine-et-Marne, où l’ASPAS a déjà remporté plusieurs batailles, un arrêté cadre daté du 1er août rend possible le tir de renards jusqu’au 30 avril 2023, de jour comme de nuit ! Déjà classés « ESOD » dans ce département, où ils subissent le piégeage, la chasse et le déterrage, les voilà maintenant inquiétés par des battues de destruction administrative…
Les communes concernées sont notamment celles où les chasseurs entretiennent ce qu’ils appellent du « petit gibier » : des lièvres, des perdrix et des faisans. Beaucoup de ces animaux sont issus d’élevages, relâchés sur les différents terrains de jeu des chasseurs où ils seront ensuite tués, par loisir... Or les renards, naturellement présents dans ces zones, sont accusés par les chasseurs de prédater leur futurs petits trophées (aucune étude ne vient pourtant le prouver), et c’est ainsi qu’ils font pression pour obtenir le droit de les supprimer…
En signant cet acte de mort des renards, on notera avec quelle absurdité la préfecture cède au lobby de la chasse dans un arrêté qui reconnait par ailleurs (c’est assez rare pour être souligné) l’importance du « rôle de prédateur des renards sur les petits rongeurs » !!
Dans l'Aube
Dans l’Aube, 27 communes sont concernées par des tirs de destruction de renard diurnes ou nocturnes, du 28 juillet au 31 octobre 2022. Dans ce département, où l’ASPAS a aussi fait annuler plusieurs arrêtés par le passé, les chefs d’accusation contre goupil sont les mêmes (l’absence de preuves aussi !) : les chasseurs veulent éliminer les renards qui mettraient en péril leur passion, passion qui consiste à tirer sur des animaux souvent « réimplantés » (c’est-à-dire issus d’élevages de gibier) et « maintenus » sur des secteurs précis.
L’arrêté préfectoral donne aussi un autre motif pour justifier l’abattage de renards : celui de la prédation qu’ils exerceraient sur le busard cendré et l’œdicnème criard, deux espèces protégées. Là non plus, aucune donnée n’est apportée pour justifier le massacre, et l’argument brille de toute manière par son absurdité puisqu’il remet en cause l’équilibre prédateur-proie qui est le propre de tout écosystème naturel !
Dans la Manche
Dans la Manche, enfin, plusieurs « petits » arrêtés plus chirurgicaux ont été pris sur quelques communes à différentes dates entre le 18 août et le 17 septembre pour autoriser l’abattage de renards accusés de prédater, là-aussi, « le petit gibier » et de causer des « dégâts aux activités agricoles », sans que la préfecture n’apporte la moindre justification… Pour ces battues, qui concernent les communes de Carquebut, de Carentan, de Brucheville et de Sainte-Marie-du-Mont, jusqu’à 40 fusils sont autorisés !!
Aucun de ces arrêtés, à notre connaissance, n’a fait l’objet de consultation publique… C’est contraire à la loi et c’est proprement scandaleux : si l’idée était d’autoriser des destructions en toute discrétion, c’est raté !!
L’ASPAS, représentée par le cabinet GéoAvocats, saisit donc la justice pour tenter de mettre fin à ces tueries. Tous les renards concernés par les différents arrêtés ne pourront hélas être sauvés, mais nous espérons des jugements rapides de la part des différents tribunaux qui, au regard des nombreuses victoires déjà obtenues par notre association contre des arrêtés similaires, devraient ordonner la suspension en urgence des hostilités… A suivre !
Télécharger les arrêtés
© Photo d’en-tête : Richard Blackbourn