Pour justifier la chasse de la grive à pieds jaunes, le service de Guadeloupe de l’ONCFS a publié un communiqué de presse relativisant dangereusement le mauvais état de conservation de cette espèce, et démontrant son incompétence, voire sa mauvaise foi. L’ASFA et l’ASPAS reviennent sur ces affirmations erronées et incomplètes.
L’ONCFS affirme que « l’estimation des effectifs guadeloupéens se situe entre 46 000 et 49 000 couples matures, soit moins de 100 000 individus. » La publication (1) d’où sont tirés ces chiffres indique que la population guadeloupéenne de grives à pieds jaunes serait comprise entre 46 000 et 49 000 individus environ. En parlant de « couples matures », l’ONCFS double comme par magie l’estimation de la population de grives !
Les auteurs de cette étude reconnaissent d’ailleurs que la méthode utilisée pour estimer les effectifs n’est pas satisfaisante. Aussi les résultats sont-ils à prendre avec précaution. De plus, la grive a longtemps été considérée comme bénéficiant de la protection du Parc National. Or on sait aujourd’hui que cet habitat n’est pas le plus favorable à l’espèce et que la majeure partie de la population se trouve donc en territoire forestier non protégé et chassable…
L’ONCFS remet en cause le travail de l’UICN en évoquant uniquement les effectifs de la grive à pieds jaunes, ce qui n’est pas honnête : le statut “vulnérable” que lui a attribué l’UICN en 2012 n’est absolument pas basé sur la taille de la population mais sur la fragmentation et la superficie réduite de l’aire de répartition de l’espèce ainsi que sur la diminution de la qualité de son habitat (2).
Le communiqué reconnaît en outre que la réglementation de la chasse est édictée par les chasseurs qui, magnanimes, daignent tenir « compte des revendications de certains naturalistes ». Mais, contrairement à ce qui est avancé, aucune diminution de la période de chasse n’est proposée pour la saison 2016-2017 par rapport à la saison dernière. De plus, un quota est fixé à 10% des effectifs estimés de grives, alors que ces estimations sont fondées sur des données incertaines. Le système de marquage mis en place actuellement ne permet pas d’éviter la fraude et l’absence de quota de prélèvement par territoire de chasse, risque d’augmenter la fragmentation de la population.
Enfin, l’ONCFS se garde bien de préciser que, depuis 2012, la grive a vu sa répartition géographique diminuer et de nouvelles menaces apparaître.
Faudra-t-il attendre que nous observions une chute importante de la population pour réagir et mettre en œuvre des programmes de conservation coûteux…?
Pour plus de détails : Réponse complète de L’ASFA
(1) Eraud C., Levesque A., Van Laere G. & Magnin H. (2013). La Grive à pieds jaunes (Turdus lherminieri) en Guadeloupe : État des connaissances sur l’importance et la répartition des effectifs. Rapport d’étude ONCFS- Parc National Guadeloupe
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Pour vous aider dans votre argumentaire, consultez le site de L’ASFA et de l’ASPAS