Interdite en Allemagne, en Belgique ou encore au Royaume-Uni, la chasse à courre est une pratique qui consiste à traquer, à l’aide d’une meute de chiens, un animal sauvage (cerf, chevreuil, renard…), jusqu’à l’épuisement, avant de le « servir » à l’arme blanche (= le tuer).

Le corps de l’animal est jeté aux chiens, sa tête est conservée comme trophée, et ses pattes coupées et offertes à des invités méritants. Ce divertissement, hérité de l’Ancien Régime, est autorisé en France du 15 septembre au 31 mars par l’article L. 424-4 du Code de l’environnement.

Des incidents à répétition

En plus d’être particulièrement cruelle et barbare, cette chasse traditionnelle provoque chaque année de nombreux accidents et incidents avec les riverains qui habitent aux abords des grands massifs forestiers où se pratique essentiellement cette chasse (Fontainebleau, Rambouillet, Compiègne, Brocéliande…) : chiens qui divaguent sur les routes ou les voies ferrées, collisions routières, violations de domiciles, cerfs qui se réfugient dans les jardins…

 

 

Alors que de plus en plus de Français sont sensibilisés aux horreurs des veneurs, on note aussi de plus en plus d’intimidations et de violences contre les militants pacifistes qui suivent les chasses pour les documenter (en photos et vidéos), et les partager sur les réseaux sociaux.

 

 

Chaque année, le collectif de citoyens AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui) recense sur son site les accidents et incidents provoqués par la chasse à courre.

Pour l’abolition de la chasse à courre !

Un sondage IFOP commandé par la Fondation Brigitte Bardot confirme l’attente des Français : vous êtes 84 % à être opposés à la chasse à courre.

 

 

Il est grand temps d’abolir cette chasse moyenâgeuse ! Depuis 2005, au moins 7 propositions de loi ont été déposées à l’Assemblée nationale ou au Sénat pour faire interdire la vénerie. La plus récente, portée par le député Bastien Lachaud et enregistrée le 31 janvier 2018, a été cosignée par 19 députés issus de différents groupes parlementaires.

 

 

Lorsqu’il était ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot déclarait qu’il « faudrait ouvrir un débat de société sur ce type de pratique de chasse qui interroge de plus en plus l’opinion publique », mais dans une interview accordée à l’Obs peu après, il avouait que la France n’était pas mûre pour une interdiction de la vénerie… Recadrage ?

 

 

François de Rugy, lui, fut cosignataire d’une proposition de loi visant à abolir la chasse à courre, déposée en 2013. Une fois ministre pourtant, il n’a rien fait pour la faire interdire ; seul un arrêté, datant du 1er mars 2019, a permis une petite avancée en ce qu’il oblige désormais les veneurs à gracier un animal qui trouve refuge habitée ou commerciale. Une modification de la loi qui a fait suite au tollé provoqué par l’histoire du cerf abattu dans un jardin privé, sous les yeux des habitants, par l’équipage la Futaie des Amis et son maître d’équipage Alain Drach.

 

 

Barbara Pompili, elle, a été aux abonnée absents sur la problématique de la chasse à courre depuis sa prise de poste…

Le lobby chasse en embuscade…

Les propositions de loi visant à faire profondément évoluer la chasse ne font qu’entendre et porter la voix des Français. Toutefois, elles n’ont que peu de chance d’aboutir… Le lobby des chasseurs très bien représenté jusqu’à maintenant à l’Assemblée nationale a fait son œuvre. Le Sénat lui aussi compte toujours d’éminents chasseurs, comme son président, Gérard Larcher.

 

 

Alain Bombard s’y était déjà cassé les dents, avec sa tentative avortée d’abolir ce « privilège moyenâgeux » dès 1981, ce qui lui a d’ailleurs coûté son poste de secrétaire d’État à l’Environnement… Depuis, aucune initiative parlementaire, de tout bord, n’est parvenue à interdire la vénerie.

 

 

En effet aucune des propositions de loi n’ont jamais été inscrites à l’ordre du jour, donc jamais discutées ! Les groupes d’opposition ont rarement plus d’une journée par an pour inscrire des textes à l’ordre du jour…

 

 

Quand il s’agit de défendre la chasse, en revanche, curieusement des temps de débat sont tout trouvés : la proposition du Sénat d’instaurer un “délit d’entrave à la chasse” avait ainsi provoqué une véritable onde de choc, courant 2019, lors de l’examen en première lecture de la loi portant sur la création de l’Office français de la biodiversité ! Un amendement qui n’a heureusement pas été retenu dans le texte final. Mais qui risque d’être repris dans le cadre d’une future loi… A suivre !

 

© Photo : AVA Poitou

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