Mise à jour du 27 août 2019 : le Conseil d’Etat a suspendu l’arrêté suite à une action en justice de la LPO !
15 jours seulement après sa prise de fonction au ministère de la Transition écologique, Elisabeth Borne prend sa première décision anti-écologique. Très inquiétant, mais pas surprenant, quand on connaît le désintérêt total de ce gouvernement pour la protection de la nature en France et sa soumission totale au lobby de la chasse.
En ce sens, Mme Borne ne fait que poursuivre l’œuvre mortifère de son prédécesseur François de Rugy, qui lui est parti en signant le nouvel acte de mort valable jusqu’en 2022 de millions d’animaux sauvages considérés comme “nuisibles”.
Le courlis cendré est une espèce menacée au niveau européen, classé sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), et qui ne représente aucune menace particulière pour les activités humaines. Caractérisé par un long bec courbé, c’est un bel oiseau qui fréquente les milieux très ouverts, avec une nette préférence pour les zones humides, et qui se nourrit d’invertébrés, de vers marins, de mollusques.
En dépit de son mauvais statut de conservation, malgré la grande majorité d’avis défavorables de la consultation publique (62%), et, surtout, contre l’avis même de ses propres experts (!!!) qui préconisaient un moratoire pour cette espèce, Mme Borne vient donc d’autoriser pour la saison de chasse 2019-2020 l’abattage de 6000 courlis cendrés. Une destruction massive autorisée dès maintenant dans plusieurs départements côtiers, en pleine saison estivale où Français et touristes fréquentent en nombre les plages* !
Mais comme si ça ne suffisait pas, Mme Borne pousse le vice encore plus loin : alors qu’elle était cantonnée jusqu’à présent au seul domaine public maritime, la chasse au courlis cendré sera étendue à l’intégralité du territoire français à partir du 15 septembre !
Il s’agit d’un avant-goût bien amer de ce qui nous attend avec la fameuse “gestion adaptative des espèces”, prévue dans la réforme de la chasse, pour laquelle le Ministère sollicite l’avis d’un Comité d’experts tout en l’ignorant superbement. Une gestion macabre qui, comme nous le craignions, fragilise encore un peu plus la biodiversité et permet aux chasseurs d’étendre encore davantage leur éventail de tueries.
Prochaine décision anti-écologique à suivre (sauf énorme surprise) : l’autorisation de la chasse de 30 000 tourterelles des bois, un oiseau qui a pourtant perdu 80% de ses effectifs en 20 ans. Indignons-nous en masse !!
* Une petite réjouissance est à relever tout de même, dans ce bien sombre tableau : la baisse du nombre de chasseurs constatée au premier jour de la nouvelle saison, samedi 3 août en Baie de Somme.