Installé dans le Limousin, Dominique gère un élevage* d’une centaine de moutons d’Ouessant, race française la plus primitive et dite la plus petite du monde. Pour ce passionné d’animaux, son terrain placé en refuge ASPAS, protéger son troupeau des prédateurs relève du simple bon sens et de fait, en 26 ans d’activité, il n’a eu aucun souci avec le renard. Oui vous avez bien lu : le renard ! Figurez-vous que le petit chasseur de campagnols est lui aussi pointé du doigt chez certains éleveurs d’ovins, accusé de tuer et de kidnapper des agneaux à la période des naissances…
Quand il n’y a pas de loup, faut bien chercher un autre bouc-émissaire ; en octobre dernier, la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire a même encouragé par e-mail les éleveurs de moutons à remplir des déclarations de dégâts en ce sens, dans l’espoir de faire classer les renards sur la prochaine liste triennale des “ESOD” qui sera renouvelée en 2023 !
De telles prédations, si elles existent, sont forcément très marginales et ne doivent concerner que des agneaux mort-nés, mourants ou malades, au sein de troupeaux non protégés. Opportunistes avant d’être chasseurs, les renards sont aussi volontiers charognards et jouent par conséquent un rôle sanitaire plus que bienvenu dans la nature. Les considérer comme “nuisibles” révèle la posture toute conflictuelle qu’entretient une partie du monde agricole avec la vie sauvage, tout le contraire de la vision naturaliste et respectueuse de Dominique qui nous livre ici un précieux témoignage :
“En élevage conservatoire d’une centaine de moutons d’Ouessant depuis 26 ans, je n’ai pas de soucis de prédation sur les agneaux par le renard alors que mes animaux sont élevés en plein air jour et nuit tout au long de l’année sur plusieurs hectares (et si même … je n’en serais que le seul responsable). J’adopte juste une attitude d’attention plus particulière en période d’agnelage pour des nouveau-nés ne faisant qu’un kilo. Evacuation des placentas, regroupement près de la maison pour la nuit à proximité des chiens, épouvantails sonores et lumineux, rondes nocturnes pour déceler naissances, vidanges abondantes de ma vessie en périphérie de zone dortoir… Bref, des précautions efficaces sans doute pour certaines qui font que mon bonheur de voir et de savoir goupil présent sur mes parcs est supérieure à l’inquiétude du moment. Que vivent les renards ! 3,5 milliards d’évolution du vivant rendent cette espèce (comme les autres) légitime et à sa place dans le fonctionnement de notre planète… ce qui n’est pas le cas des animaux domestiques…“
Contacté pour davantage de précisions concernant son activité, Dominique nous a aussi glissé une petite anecdote amusante sur goupil :
“Dans le même temps ce qui fait sourire, j’ai pu observer des réserves de goupil en terre sur mes prés : pattes de poulets sans doute récupérées sur un fumier d’une ferme voisine, restes de faisan en période de chasse… et même une pantoufle sans doute fort odorante récupérée je ne sais où !“
* Il s’agit d’un élevage conservatoire, sans mise à mort ni exploitation des animaux : ceux sélectionnés meurent naturellement plus ils approchent de quinze ans. Pour plus d’informations, rendez-vous sur ouessant-mouton.over-blog.com
Vous aussi, témoignez pour les renards !
Vous aussi vous avez une activité d’élevage, amateur ou professionnel ? Ou bien une simple basse-cour ? Témoignez en faveur des renards et autres petits prédateurs menacés par la prochaine “liste de la mort” du ministère de l’Ecologie, en remplissant pour l’ASPAS une “déclaration de non-dégât” ! Pour plus de détails sur cette action, cliquez ici.
> À lire aussi : “Parole d’éleveuse de poules : j’apprécie la présence des renards !“
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© Photo d’en-tête : Bernard Alliez