Jusqu’au 19 juin 2019, les ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire sollicitent l’avis des citoyens sur un projet d’arrêté « portant expérimentation de diverses dispositions en matière de dérogations aux interdictions de destruction pouvant être accordées par les préfets concernant le loup ».
Ce projet facilite encore davantage les tirs de loups alors que leur efficacité n’est toujours pas démontrée, et augmente le nombre de loups pouvant être abattus, mettant en péril la viabilité à long terme de la population de loups sur notre territoire… Il est important de vous exprimer en envoyant vos avis !
Pour participer à cette consultation Cliquez ICI (puis cliquez sur « Déposer votre commentaire » tout en bas de la page).
La consultation publique est ouverte jusqu’au 19 juin 2019.
Conseils pour votre participation :
- Les synthèses des observations du public des consultations précédentes montrent que le ministère tente d’opposer le monde urbain au monde rural. Les opposants au loup seraient des ruraux, tandis que ses défenseurs seraient des urbains… Si vous êtes éleveur ou agriculteur, ou issu du monde rural, précisez-le ! De même, si vous résidez dans une zone de présence du loup, ou simplement en zone rurale, n’hésitez pas à le mentionner !
- Notre opinion ne semble guère importer au gouvernement, mais notre poids électoral oui… Vous pouvez également mettre ceci en avant !
- Les injures ou les grossièretés ne faisant pas avancer les choses, nous recommandons vivement à tous de mettre le point fort sur des arguments solides.
- Vous pouvez exprimer votre opinion en vous inspirant des éléments succinctement évoqués par l’ASPAS, mais un point de vue personnalisé aura plus de poids que plusieurs avis reprenant le même modèle, au mot près.
La position de l’ASPAS
L’ASPAS rejoint l’avis rendu par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) sur ce projet d’arrêté : augmenter les abattages de loups met en péril la conservation de l’espèce, sans faire baisser la prédation sur le bétail.
– Depuis que les tirs sont autorisés, les données montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre le nombre d’abattages de loups et le volume des dommages aux troupeaux. Autrement dit, les tirs de loups ne font pas baisser la prédation. Le CNPN précise donc que « vouloir agir sur la croissance globale de la population [de loups] ne constitue pas la solution pour contenir, voire réduire le volume des dommages ».
C’est précisément ce que répète l’ASPAS depuis des années : en mettant le paquet sur les tirs, l’État cherche à contenter politiquement les éleveurs à très court terme, sans efficacité pour la cohabitation avec les loups à long terme.
– Le CNPN pointe l’absence de remise en cause par l’État des « mauvaises pratiques pastorales pourtant connues » et « rappelle son inquiétude sur la capacité de l’Administration à vérifier sur le terrain la mise en place effective des dispositifs de protection : gardiennage, chiens de protection et regroupement nocturne. Le constat sur place de leur efficience devrait conditionner le déclenchement d’opérations d’effarouchement, puis éventuellement de tir ».
En clair : si l’État continue d’indemniser les éleveurs en cas de prédation sans vérifier s’ils protègent ou non leurs brebis malgré toutes les subventions qu’ils perçoivent pour le faire, les mauvaises pratiques perdureront et la prédation continuera, ce qui déclenchera toujours plus d’abattages de loups en retour.
– Le CNPN constate que l’État met en œuvre une véritable « régulation » de la population de loups, ce qui est à la fois aberrant sur le plan de la biologie de la conservation, s’agissant d’une espèce dont les effectifs sont encore faibles en France (500 individus estimés), et contraire aux obligations européennes de la France ; le loup est en effet « strictement protégé » en Europe, ce qui signifie que les abattages ne sont autorisés qu’à titre dérogatoire exceptionnel. Ainsi, le projet prévoit que 17 à 19 % de la population pourra être abattue chaque année, ce qui ne permettra pas de garantir une viabilité à long terme de l’espèce.
Le projet organise par ailleurs de véritables zones de non droit où les tirs de loups seront encore facilités, notamment sur les fronts de colonisation des loups.
A moins d’éliminer tous les loups, ce que réclament régulièrement les éleveurs dès que l’espèce est identifiée dans une région nouvelle, la prédation sur les troupeaux domestiques continuera tant que les éleveurs ne seront pas responsabilisés à protéger leur brebis.