Les associations ASPAS et AVES révèlent l’édition 2022 de la carte de France du déterrage : dans de nombreux départements, des chasseurs continuent d’arracher des familles entières de blaireaux de leur terrier pour les tuer, et ce dès le 15 mai sur simple autorisation du préfet. L’espoir d’un changement est cependant permis : grâce à l’accumulation de victoires locales remportées par les associations devant les tribunaux, de plus en plus de préfets réduisent la période complémentaire de déterrage, voire cessent complètement de l’autoriser.
Par ailleurs, la pétition officielle lancée sur le site du Sénat pour demander l’interdiction définitive de la vénerie sous terre est en bonne voie d’atteindre les 100 000 signatures nécessaires d’ici la fin septembre, grâce au relai par plusieurs influenceurs et de nombreuses ONG solidaires de cette cause.
La rage du déterrage, violent par tradition
La France est l’un des derniers pays d’Europe à autoriser la chasse par déterrage, aussi appelée “vénerie sous terre”, une pratique particulièrement cruelle et non sélective qui consiste à envoyer des petits chiens dans les terriers de blaireaux pour les acculer, de creuser la terre à l’aide de pelles, de pioches et de barres à mine parfois pendant des heures, puis d’extirper les animaux terrorisés de leur abri à l’aide de grandes pinces pour ensuite les abattre par arme à feu ou arme blanche. Les blaireautins quant à eux, fragiles et incapables de se défendre, peuvent agoniser directement sous terre, déchiquetés par des chiens que les chasseurs ne maîtrisent plus…
Pas « nuisibles » mais persécutés tout autant…
Les blaireaux ne sont pas classés « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » et pourtant, c’est tout comme : en période de chasse, à partir de la mi-septembre, ces animaux sociables et discrets peuvent être tirés jusqu’à la fin du mois de février, et déterrés jusqu’au 15 janvier. Sur simple volonté du préfet, le déterrage peut ensuite être étendu au-delà de la période légale de chasse, dès le 15 mai… Les blaireaux peuvent aussi faire l’objet de battues administratives. Or il n’existe pas de comptage national des blaireaux en France, ni d’étude permettant de connaître directement ou indirectement leurs effectifs au niveau national.
Des victoires qui donnent de l’espoir !
Suite à une série de recours en justice qui ont porté leurs fruits, l’ASPAS et AVES ont contraint les chasseurs de déposer leurs pelles et pioches cette année dans la Somme, en Charente, dans les Ardennes, dans l’Aube et dans l’Orne : cinq victoires qui auront permis de sauver de nombreux blaireaux.
Pour Me Coline Robert et Me André Rigal-Casta, du cabinet GéoAvocats qui a représenté l’ASPAS et AVES au tribunal pour ces victoires, “La reconnaissance par les juges de l’incompatibilité de la vénerie sous terre avec la protection légalement accordée aux petits blaireaux est une avancée majeure. Il en va de même de l’absence de dégâts importants en lien avec l’espèce. Ceux-ci ne sont jamais attestés par la moindre preuve et les juges sont de plus en plus enclins à le constater. Ces éléments fragilisent les motivations derrière cette pratique, déjà scientifiquement remise en cause.”
Par ailleurs, trois autres décisions de justice en 2022 ont permis d’annuler a posteriori des arrêtés préfectoraux dans le Loir-et-Cher, en Ille-et-Vilaine et en Meurthe-et-Moselle, renforçant ainsi la jurisprudence accumulée ces dernières années.
Le poids des consultations publiques
Cette avalanche de victoires survient dans un contexte de vent favorable où les Français manifestent de plus en plus leur opposition aux chasses les plus cruelles, cela grâce au gros travail de sensibilisation effectué par nos associations. Nos appels à participer aux consultations publiques sont de plus en plus suivis, et si la grande majorité des préfectures ne tient hélas jamais compte de l’avis des citoyens dans leurs décisions finales, la mobilisation a été tellement forte pour les blaireaux ces dernières saisons de chasse que quelques préfets ont fini par lâcher du lest : certains ont retardé le début de la période complémentaire de déterrage (Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Saône-et-Loire, Drôme et Deux-Sèvres), d’autres l’ont carrément interdite (l’Ardèche, le Val d’Oise et l’Isère).
La majorité des départements ayant réduit la période complémentaire (en orange sur la carte) l’a toutefois fait en conséquence des victoires en justice obtenues par nos associations l’année précédente. Grâce aux victoires de 2022, on peut donc s’attendre à de nombreuses nouvelles restrictions l’année prochaine.
Pour une interdiction totale de la vénerie sous terre !
Le combat ne s’arrêtera cependant pas avant d’avoir obtenu l’interdiction totale et définitive de cette tradition macabre qui consiste à déterrer des animaux vivants dans le but de les abattre.
L’ASPAS, qui est à l’initiative de la toute première Journée Mondiale des Blaireaux le 15 mai dernier, a lancé avec le concours d’AVES une pétition sur le site du Sénat pour demander l’interdiction définitive de la vénerie sous terre. Soutenue par de nombreuses associations et personnalités engagées pour les animaux, elle doit atteindre les 100 000 signatures avant le 30 septembre 2022 pour avoir une chance d’être étudiée. Plus d’informations sur cette initiative à lire ici.
Contact presse ASPAS : presse@aspas-nature.org