Début avril, l’ASPAS a fait l’objet de critiques parfois virulentes de la part de chasseurs, suite à l’évasion de quelques cerfs sika de Valfanjouse, dans le Vercors, un ancien enclos de chasse devenu propriété de l’association. Nous nous sommes expliqués sur la situation dans un article publié le 31 mars (à lire ici).
D’une extrême mauvaise foi, ces critiques sont pour le moins cocasses, lorsque l’on sait que l’ASPAS, qui fait tout pour sauver les animaux dont le destin était de finir en trophées, doit payer les pots cassés laissés par les anciens propriétaires, et que les évasions d’animaux exotiques d’enclos de chasse, notamment de cerfs sika, sont monnaie fréquente partout en France chaque année. De plus, certains chasseurs font tout pour maintenir ce « gibier » en liberté !
Des lâchers dans les années 70
Le cerf sika (Cervus nippon), espèce naturellement répartie en Asie, a été introduite en France dès le 19e siècle et surtout au cours du 20e siècle.
D’après des sources officielles*, des lâchers de cette espèce aujourd’hui considérée comme « exotique envahissante » ont eu lieu dans la nature en France au début des années 70, notamment dans la forêt de la Hardt (68), dans l’île de Porquerolles (83) et dans la forêt de Nesle-Ronquerolles (95).
Jusqu’en 2012, les populations de sika n’ont cessé d’augmenter un peu partout en France. Selon l’inventaire le plus récent (2018), 84 communes dans 19 départements de France étaient encore concernées par la présence de cerfs sika en liberté ! Cause principale : les échappés d’enclos de chasse… Mais aussi, une volonté locale de « gestion cynégétique » des populations…
En raison des risques d’hybridation avec le cerf élaphe, après des décennies de laxisme à l’égard du monde de la chasse, il y a depuis peu une volonté politique d’éradiquer les cerfs sika partout en France : son introduction dans le milieu naturel a été suspendue en 2010, puis interdite par l’arrêté du 14 février 2018. Au sein des enclos de chasse, l’interdiction ne date que du 1er janvier 2021.
Des sika maintenus en liberté par des chasseurs
Toujours d’après l’inventaire de 2018, il apparaît que certains gestionnaires de chasse ont délibérément choisi de maintenir, voire d’augmenter des populations de cerfs sika dans certains territoires, ce qui en dit long sur le lobby des auto-proclamés « premiers écologistes de France » !
C’est le cas par exemple Sandricourt, dans l’Oise, à Ronquerolles dans le Val d’Oise, ou encore à Ferrières, en Seine-et-Marne. « Pour ces trois cas, il s’agit de populations installées avant les années 2000 et considérées localement comme une spécificité du territoire à maintenir », précisent les auteurs de l’enquête… Les cerfs sika dans la nature, une tradition à préserver ?!
Des populations d’élaphes et de sikas cohabitent en liberté depuis 40 ans…
L’enquête de l’OFB révèle par ailleurs qu’en 2018, cerfs sika et cerfs elaphe vivaient en « sympatrie » sur au moins 16 communes dans 9 départements : les Alpes-de-Haute-Provence (04), le Cher (18), l’Isère (38), la Loire-Atlantique (44), le Loiret (45), le Lot (46), la Sarthe (72), la Seine-et-Marne (77) et les Vosges (88).
La pollution génétique provoquée par les sikas sur les cerfs européens n’a pas encore été établie en France, tout simplement parce qu’à ce jour il n’y a jamais eu d’étude pour l’établir. Quand on ne cherche pas, on ne trouve pas !
Il est grand temps pour les autorités françaises de prendre des mesures plus radicales contre les activités cynégétiques qui posent problème pour les écosystèmes, en premier lieu la chasse en enclos.
STOP à la chasse en enclos !
Cruauté, problèmes écologiques, risques sanitaires : l’ASPAS, qui a racheté fin 2019 l’enclos de Valfanjouse dans le Vercors pour y sauver les animaux, demande l’interdiction de la chasse derrière des grillages partout en France !
>> Signez la pétition
* Office Français de la Biodiversité (OFB), revue Faune Sauvage n°326, premier semestre 2020
© Photo d’en-tête : Richard Holding