L’Office National des Forêts (ONF) confisque les forêts d’État aux citoyens lambda afin d’offrir les plus beaux cerfs à quelques chasseurs privilégiés. En effet, pour cacher cette pratique aussi honteuse et néfaste que lucrative, l’Office interdit aux non-chasseurs le plaisir d’assister au brame, et par la même occasion, aux ramasseurs de champignons de profiter de la fonge sylvestre. Inadmissible pour un établissement censé être public, mais qui l’est de moins en moins !
De nombreuses forêts domaniales sont fermées au public de la mi-septembre à la mi-octobre, en pleine période de brame, afin de vendre à des chasseurs les cerfs aux ramures les plus développées. Il est si facile d’approcher les cerfs totalement affairés à leurs amours démonstratives. En effet, lors de cette période absolument magique pour les amoureux des forêts, les grands mâles changent de comportement, tout absorbés à attirer les biches en les ralliant à leur brame (1). C’est d’ailleurs une période très éprouvante physiquement pour eux : ils ne mangent presque rien et n’ont pas de répit, épuisés par les combats, les accouplements et la surveillance de leur harde…
Pourtant c’est à cette période que chaque année, les plus beaux cerfs sont sacrifiés, contre monnaie sonnante et trébuchante, à quelques riches amateurs de trophées prestigieux. On est là bien loin d’une quelconque chasse de régulation, mais bien face à une déviance de plus en plus marquée de la chasse aux trophées et à une scandaleuse vente du patrimoine naturel des Français par une officine d’État (2) qui remplit de moins en moins son rôle de gestionnaire du patrimoine forestier national.
Cette chasse est doublement néfaste aux animaux. Elle se pratique dans la période de reproduction, particulièrement délicate chez les cervidés : une femelle n’est en chaleur que quelques heures et la perturbation de leur rassemblement compromet gravement les chances de perpétuation de l’espèce. De plus, cette chasse agit exactement à l’inverse de la sélection naturelle : elle élimine les spécimens en meilleure santé, appauvrissant ainsi le potentiel génétique des cervidés et mettant à mal la santé de leurs populations.
L’ONF semble bien peu fier de cette façon de faire. Aussi, pour permettre ce commerce, il interdit aux promeneurs, ramasseurs de champignons, naturalistes et autres amoureux de la nature de pénétrer, un mois durant, dans quelques-unes des plus belles forêts d’État.
L’ASPAS reçoit de plus en plus d’appels et de courriers d’usagers des forêts qui se voient exclus de leurs sites préférés, transformés en chasse privée, comme en forêt domaniale de Grésigne (Tarn) où l’interdiction court du 15 septembre au 15 octobre (voir la photo en pièce jointe).
L’ASPAS en appelle aux ministères de tutelle de l’ONF (ministère de l’Agriculture et ministère de l’Écologie) pour que ces chasses cessent, que les promeneurs puissent jouir de l’automne en forêt et pour que les beaux cerfs puissent se reproduire en paix afin d’assurer les générations à venir.
Le drame du cerf, c’est l’ONF !
(1) Le brame est le cri rauque que poussent les cerfs afin d’attirer à eux les biches lors de la période des amours qui va de début septembre à mi octobre selon les massifs.
(2) L’ONF est un EPIC (Établissement Public à caractère Industriel et Commercial)