En dépit des restrictions sanitaires, la saison de chasse qui se termine aura été placée (comme, hélas, toutes les autres…) sous le signe de l’insécurité et des abus en tous genres. La veille média assurée par l’ASPAS a relevé : 6 morts par arme à feu (dont Morgan Keane, qui coupait du bois au fond de son jardin), 34 blessés (dont 2 non-chasseurs), 8 maisons et 3 voitures touchées par des balles ou du plomb, et des dizaines d’animaux de ferme ou de compagnie abattus par des fusils, victimes de pièges ou encore attaqués par des chiens de chasse…
Il faut aussi rajouter à tout cela les innombrables incidents liés à la chasse à courre, recensés par AVA France dont la saison n’est toujours pas terminée (oui, cette barbarie est autorisée jusqu’au 31 mars !).
La majorité de ces tragédies et divers méfaits ont eu lieu le week-end, principalement le dimanche.
Des centaines de témoignages reçus à l’ASPAS…
Toutes les dérives de la chasse ne se retrouvent pas à la une des journaux : c’est pourquoi l’ASPAS a décidé, dès l’ouverture générale le 15 septembre 2020, de lancer l’appel à témoignage #OSEZPARLER. En parcourant les centaines de réponses qui nous sont parvenues, nous avons tout de suite compris que d’innombrables faits-divers étaient complètement passés sous silence, la plupart du temps parce que les victimes n’ont pas osé porter plainte, par peur de représailles. C’est ainsi que pour le dossier de notre magazine Goupil n°144, réservé aux adhérents, beaucoup des témoins que nous avons sélectionnés ont souhaité garder l’anonymat.
… et des milliers d’hectares de terrain retirés de la chasse
La ruralité tant vantée par le monde de la chasse prend très souvent la forme d’un cauchemar pour les familles installées à la campagne qui cherchent la sérénité au contact de la nature… Voilà pourquoi l’ASPAS aide depuis plusieurs décennies les propriétaires moralement opposés à la chasse à mettre leurs terrains en refuge ASPAS : une démarche pas toujours simple, mais qui est entreprise par un nombre croissant de personnes chaque année.
Au 9 mars 2021, 1 129 refuges ASPAS sont actifs en France, soit 11 347 hectares de nature protégée des fusils ! Pour retirer vos terrains de la chasse, cliquez ici.
Un bilan (incomplet) des accidents et dérives de la chasse en 2020-2021
Les quelques liens listés ci-dessous ont été glanés au cours de la saison, suite à une veille dans les médias et les réseaux sociaux. Traditionnellement, le bilan officiel diffusé par l’Office Français de la Biodiversité (diffusé au cours du printemps) informe uniquement sur le nombre d’accidents corporels : il ne mentionne ni les incidents (balles dans les maisons, les voitures…), ni les tragédies concernant les animaux domestiques.
Accidents corporels impliquant des non-chasseurs :
- Landes : un conducteur atteint par une balle perdue sur l’A63 (20/09/20)
- Pays Basque : une femme blessée par un chasseur à Hasparren (16/10/20)
- Lot : Morgan Keane, un Britannique de 25 ans confondu avec un sanglier (02/12/20)
Incidents graves :
- Pays Basque : une balle gros calibre traverse leur salon (13/08/20)
- Corrèze : une balle de fusil finit sa course dans une maison (13/09/20)
- Pyrénées Atlantiques : une balle traverse sa voiture (06/09/20)
- Vaucluse : une balle perdue lors d’une battue au sanglier termine… dans un salon (15/11/20)
- Tarn : la balle des chasseurs traverse le mur extérieur d’une maison et s’arrête dans le salon (14/11/20)
- Calvados : une balle pour la chasse au sanglier se fiche dans le mur d’une chambre d’enfant (28/11/20)
- Hautes-Alpes : il vise un sanglier et touche le chalet d’un habitant (04/12/20)
- Mayenne : une balle de chasse finit sa course dans un foyer pour personnes âgées (29/12/20)
- Tarn-et-Garonne : les chasseurs ont-ils tiré sur une maison au cours d’une battue aux sangliers ? (14/12/20)
- Tarn : une balle perfore la baie vitrée d’une maison (27/12/20)
- Tarn : une balle se fige dans la portière d’une voiture côté conducteur (27/12/20)
- Vendée : un impact de balle dans son pare-brise (13/01/21)
- Eure : un tir de fusil passe à 1m50 de riverains (24/01/21)
- Charente : un chasseur tire dans la lunette arrière d’une voiture (02/12/20)
Animaux domestiques victimes de la chasse :
- Gironde : un chien reçoit plusieurs balles de plomb dans la tête (22/09/20)
- Gard : Olaf, un Berger allemand tué avec une arme de chasse (02/10/20)
- Moselle : un chat tué à la carabine (05/10/20)
- Lozère : le chat Pépito blessé par un plomb de carabine (28/09/20)
- Pas-de-Calais : un couple récupère son chat avec un plomb dans la tête (05/08/20)
- Indre-et-Loire : un lama dévoré par des chiens lors d’une chasse à courre (20/10/20)
- Hautes-Alpes : la chienne Lupi tuée par un chasseur (19/09/20)
- Pyrénées-Orientales : un chasseur tue le chien tenu en laisse d’une balle dans la tête (13/10/20)
- Gard : une jument tuée d’une balle dans la tête, confondue avec un chevreuil (22/11/20)
- Ain : un chasseur manque sa cible et tire sur un cheval (24/11/20)
- Côtes d’Armor : le chat Fripouille blessé par du plomb (06/12/20)
- Charente-Maritime : la chienne Ounka retrouvée morte, criblée de plombs de chasse (20/12/20)
- Haute-Saône : une vache tuée par un plomb à Baulay (10/01/21)
- Pyrénées-Atlantiques : un plomb de chasse dans la cuisse d’un cheval (06/01/21)
- Drôme : des lamas attaqués par des chiens de chasse (30/01/21)
- Morbihan : un rottweiler blessé de plusieurs impacts de balle (02/02/21)
Pour une réforme majeure et en profondeur de la chasse !
Dès 2017, l’ASPAS a écrit au Président de la République Emmanuel Macron pour lui exhorter de procéder à une réforme majeure et en profondeur de la chasse en France. Au lieu de cela, M. Macron a opté pour une réforme qui favorise surtout les intérêts des chasseurs (autorisation des silencieux sur les armes, prix du permis national divisé par 2, nouveaux pouvoirs accordés aux Fédérations de chasse, etc.).
La généralisation du port de gilets fluorescents, la pose de panneaux « chasse en cours » et la remise à niveau décennale obligatoire portant sur les règles élémentaires de sécurité sont des mesures nationales entrées en vigueur par arrêté ministériel le 5 octobre 2020. C’est mieux que rien, mais c’est largement insuffisant : les Français attendent une réforme beaucoup plus ambitieuse !
Dans notre démocratie, il est inacceptable qu’autant de pouvoir et d’attention soient accordés à cette pratique qui concerne moins de 2% de la population.
> Lire la proposition de réforme de l’ASPAS et signez la pétition