Pour la première fois en 30 ans, depuis leur retour spontané en France, les loups voient leur population stagner, voire baisser… Une situation extrêmement préoccupante qui s’explique notamment par :
- Des tirs dérogatoires de plus en plus simplifiés, banalisés, qui éliminent 1/5e de la population chaque année ;
- Le confinement de la population de loups à l’est de la vallée du Rhône, et la répression systématique des individus qui cherchent à recoloniser d’autres territoires ;
- Des soupçons de braconnage* de plus en plus fréquents.
Concernant le braconnage en particulier, plusieurs facteurs peuvent expliquer sa recrudescence :
- Une politique nationale de moins en moins protectrice du loup ;
- Le souhait de la Commission européenne de rabaisser le niveau de protection du loup, (d’espèce « strictement protégée » à simplement « protégée ») ;
- Une diabolisation de l’espèce entretenue par de nombreux élus au pouvoir ;
- Une diminution des moyens alloués à la police de l’environnement ;
- De violentes campagnes de dénigrement du loup menées par certains syndicats agricoles et plusieurs fédérations de chasse, amplifiées par les réseaux sociaux ;
- Un traitement médiatique souvent biaisé et affligeant, qui contribue à entretenir de vieux clichés et la haine envers les loups.
De l’importance de protéger les loups en France
En tant que super-prédateurs au sommet de la chaine alimentaire, les loups sont d’une importance capitale pour l’équilibre des écosystèmes forestiers et l’épanouissement de nombreuses espèces végétales et animales. A l’heure de la crise climatique et de la 6e extinction de masse, le retour spontané des loups en France devrait être célébré non comme un problème, mais comme chance inestimable et aubaine pour toute la biodiversité !
Il est indéniable, cependant, que le retour des loups bouleverse le monde pastoral, a fortiori dans les territoires qui avaient perdu l’habitude de la présence du grand prédateur. Pour ne pas se retrouver démunis et pour que la coexistence se passe au mieux, il est essentiel de préparer les esprits partout où le loup est susceptible de faire son grand retour. Les solutions de protection des troupeaux (bergers, chiens de protection, filets électrifiés) portent leurs fruits dans les Alpes ; pourquoi ne pourraient-ils pas le faire ailleurs en France ?
Des peines lourdes pour les braconniers !
En France, détruire une espèce protégée est passible de 150 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement.
Poison, pièges, tirs illégaux… En 30 ans, l’ASPAS a porté plainte et obtenu réparation dans d’innombrables affaires de destructions illégales de loups. Nous avons aussi obtenu la condamnation d’individus qui ont tenté de détruire des loups. En droit, il faut en effet savoir que la tentative de destruction d’une espèce protégée est punie des mêmes peines que la destruction elle-même (article L. 415-3 du code de l’environnement).
Parmi les affaires récentes, citons cet automobiliste qui avait volontairement cherché à écraser un loup au volant de sa voiture en Savoie, ou encore cet éleveur drômois, reconnu coupable d’avoir mis à disposition des appâts de viande empoisonnés au carburofan (un insecticide puissant interdit depuis 2008).
#BalanceTonBraco !
Parmi les nombreux actes anti-loup perpétrés à l’abri des regards dans nos campagnes, rares sont ceux qui font l’objet d’un procès, faute de preuves et d’identification des suspects.
Si vous êtes témoins de dispositifs et d’agissements suspects (découverte d’appâts, de pièges, de cadavres d’animaux, etc.) contactez les associations de protection de la nature et prévenez les autorités (gendarmerie et Office français de la biodiversité).
Ne gardez plus vos doutes et découvertes suspectes pour vous : ne laissons plus les braconniers agir en toute impunité !
Pour témoigner auprès de l’ASPAS, écrivez à temoignage@aspas-nature.org
* Selon le dernier rapport du Groupe Loup PP Alpes publié en juillet 2024 (un collectif d’experts qui a suivi 36 meutes de loups en 2023), une meute sur trois (31%) a possiblement ou certainement subi des actes de braconnage, et 8% des meutes suivies ont été éradiquées ou quasi éradiquées par des actes hostiles légaux ou illégaux…