Le 16 mars dernier, le président des chasseurs Willy Schraen déclarait à ses troupes que certaines activités de chasse restaient autorisées malgré le confinement (chasse individuelle à l’approche, piégeage, agrainage…), avant de faire volte-face 48h plus tard, suite à une mise au point du gouvernement dont seul Willy a eu connaissance (puisqu’il n’y a pas eu de communication officielle…) : toute chasse et toute activité de piégeage seraient bel et bien interdites, obligeant les chasseurs à respecter le confinement général comme tout le monde !
Hélas, très vite des autorisations de dérogation ont commencé à fleurir dans le Jura (tirs de corvidés), dans l’Aube (agrainage des sangliers), dans les Landes (tirs de sangliers)… avant de progressivement s’étendre un peu partout en France. Comble de l’ironie : pour justifier leurs déplacements dans le cadre de ces dérogations, les chasseurs sont invités à cocher la case « pour des missions d’intérêt général » de leur formulaire COVID-19 !
Face à la multiplication des dérogations, l’ASPAS a décidé de lancer le 31 mars aux côtés des associations AVES et Crow Life une pétition commune pour demander une interdiction totale de la chasse et des opérations de destruction. Au 9 avril, la pétition a récolté près de 80 000 signatures.
Dans le même temps, plusieurs sources nous ont confirmé que les inspecteurs de l’environnement de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), ont reçu ordre de stopper leurs opérations de contrôle sur le terrain, et ce malgré les communications officielles qui se veulent rassurantes à ce sujet (lire ici par exemple).
Il est donc sérieusement à craindre que des braconniers s’en donnent à cœur joie depuis un mois ! Les nombreux oiseaux plombés retrouvés depuis la mi-mars en sont hélas une première preuve : dans un communiqué publié le 6 avril, la LPO évoque des tirs sur plusieurs oiseaux protégés (buse variable, épervier, faucon pèlerin, hérons cendrés…) et rappelle qu’en raison du confinement, leurs 7 centres de soins pour la faune sauvage sont fermés jusqu’à nouvel ordre (et que les particuliers n’ont pas de case à cocher sur leur formulaire de sortie pour acheminer les animaux blessés jusqu’aux centres en question…).
Mais il y a plus vicieux encore : certains préfets sont allés jusqu’à réquisitionner des chasseurs pour seconder le week-end du 3 et 4 avril les forces de l’ordre et faire respecter les règles de confinement ! C’est le cas en Seine-et-Marne, où les noms des chasseurs réquisitionnés ont même été rendus publics dans l’annexe des actes administratifs. Heureusement l’arrêté a été abrogé une semaine plus tard… Etait-ce juste un test pour mesurer les réactions éventuelles des Français avant de généraliser partout et en tout lieu ?!
Ce clientélisme est hélas une nouvelle preuve – s’il en fallait – que l‘Etat est à la botte des chasseurs, et que ces derniers, même en état d’urgence sanitaire, parviennent à obtenir des passe-droits pour tenter de justifier l’intérêt général de leur funestes activités.
Appel à témoins
Lors de vos déplacements autorisés, en zone rurale, avez-vous été témoins d’agissements suspects impliquant des chasseurs ou des piégeurs ? Un coup de feu ? Un piège tendu ? Un animal tué par balle ? Si oui n’hésitez pas à nous en faire part en écrivant à temoignage@aspas-nature.org en précisant la date et le lieu de vos observations. Si vous êtes en possession de photos ou de vidéos n’hésitez pas à nous les partager.
Nous vous recommandons fortement d’alerter en parallèle les services de l’OFB (en mettant l’ASPAS en copie de votre mail) même si les agents ne peuvent actuellement se déplacer. Vous trouverez les coordonnées de l’antenne la plus proche de chez vous en consultant le site : ofb.gouv.fr/contacts-et-implantations
Écrivez à votre préfecture !
Depuis le début du confinement, un flou entoure les activités de chasse et de piégeage : entre interdictions et dérogations selon les départements, pas facile de s’y retrouver, d’autant qu’aucun communiqué national officiel émanant du Ministère n’a encore été publié…
Pour vous aider à y voir plus clair, l’ASPAS met à votre disposition un tableau qui dresse l’état des lieux des arrêtés pris dans différents départements. Nous tenterons de mettre à jour régulièrement ce document.
Nous vous invitons, le cas échéant, à manifester votre indignation auprès de votre préfecture et à demander des comptes quant à ces dérogations notamment en interrogeant sur les dégâts recensés ayant conduit à ces dérogations.