L’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) vient de rendre public son rapport sur les accidents de chasse pour la saison 2012-2013. Le bilan est sans appel : 25% d’accidents en plus. Pourtant, ce bilan semble satisfaire l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et la Fédération Nationale des Chasseurs qui, dans un communiqué de presse commun d’un rare cynisme, titrent : « Des chiffres dans la moyenne des cinq dernières années »…
On compte 179 accidents contre 143 pour la saison précédente. Le nombre d’accidents mortels augmente lui aussi de façon alarmante : 21 contre 16 pour la saison 2011-2012, 18 en 2010-2011, 19 en 2009-2010. Les non chasseurs sont de plus en plus nombreux à être victimes de ce loisir sans partage : 14% des accidents concernent des non chasseurs (promeneurs, automobilistes, vigneron…) contre 10% pour la saison 2011-2012.
Ne reculant devant aucune mauvaise foi, l’ONCFS et la FNC minimisent. Ils s’étaient déjà illustrés l’an dernier avec un communiqué de presse qui annonçait frauduleusement : « De moins en moins d’accidents graves », alors que les accidents de chasse étaient passés de 131 en 2010-2011 à 143 en 2011-2012 !
L’ASPAS réitère aujourd’hui les revendications qu’elle porte depuis des années pour qu’enfin des mesures de bon sens soient prises et encadrent la chasse et les chasseurs :
- pas de chasse le dimanche, comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Europe (plus de la moitié des accidents ont lieu le dimanche),
- responsabilités pénales des dirigeants des structures cynégétiques,
- instauration d’un périmètre de sécurité autour des habitations (mesure qui n’existe plus depuis 1982 sur la moitié du territoire national),
- établissement d’une réglementation nationale pour encadrer la sécurité liée à la chasse (il n’existe plus aucun texte législatif ou règlementaire en application en France !),
- examen régulier de la vue pour les chasseurs.
L’ASPAS demande aussi qu’il soit enfin mis une véritable séparation entre l’ONCFS (établissement public à caractère administratif, regroupant quelque 1 200 fonctionnaires et agents de l’État, géré depuis 2003 par un Conseil d’Administration où les chasseurs sont majoritaires) et les structures associatives du monde de la chasse. Cette situation, régulièrement dénoncée par la Cour des Comptes, atteint désormais son paroxysme avec le traitement injustifiable qui est fait de la situation dramatique de tous ces morts, de tous ces accidents graves qui entraînent des handicaps à vie.
L’ASPAS demande au gouvernement d’assumer ses responsabilités envers le monde de la chasse en réorganisant comme il se doit son établissement public, en le retirant des mains du lobby de la chasse, et en adoptant des réglementations permettant d’encadrer la sécurité liée à la chasse. L’intégration de l’ONCFS dans la future Agence Française de la Biodiversité pourrait être une réponse à cet état de fait.